Un DJ américain invite Pixies ou Sonic Youth à danser le hip-hop.
En toute illégalité et en parfaite jubilation, c’est l’un des mixes les plus vertigineux de l’histoire pourtant mouvementée du genre que livre ce DJ de Pittsburgh. D’obédiance rap, ce survol à toute berzingue d’une discothèque plantureuse, qui ressemble de manière troublante à la nôtre, a la bonne idée, délicieusement frustrante et ludique, de ne jamais s’arrêter longtemps sur les samples, plus souvent suggérés qu’appuyés. Ce qui fait de cet album un inépuisable blind-test, où il faudra très vite lever la main quand, au milieu d’une fiesta hip-hop, on reconnaîtra les Pixies, The Verve, Breeders, Pavement, Sonic Youth ou Folk Implosion sauvagement accolés à D4L, M.I.A., Pharrell, KRS One ou Kanye West.
Pas étonnant, dans ces conditions, que Girl Talk tourne avec une aisance identique avec les rappeurs renfrognés de Clipse ou les DJ débonnaires de Simian Mobile Disco : cette culture frontalière, goguenarde et fêtarde, est forcément partout chez elle. Soudain, les accouplements contre nature de deux chansons telles qu’organisées par 2 Many DJ’s ou DJ Zebra passent pour des petits couples modèles, bien sages et en missionnaires du samedi soir : c’est parfois jusqu’à dix ou quinze samples qui se chevauchent ici, dans un gang bang frénétique et rigolard, où l’on a recensé plus de cent cinquante membres – et les burnes qui vont avec.