Night, nouvel album de Misha Alperin est-il classique, jazz, traditionnel ? ce pianiste repousse toute définition, évoquant seulement son enfance dans une famille juive moldave, au cœur de l’Europe. Il est venu tardivement à la musique classique, rêvant plutôt à l’orgue psychédélique de John Lord (Deep Purple) et aux effusions électrifiées de la guitare de […]
Night, nouvel album de Misha Alperin est-il classique, jazz, traditionnel ? ce pianiste repousse toute définition, évoquant seulement son enfance dans une famille juive moldave, au cœur de l’Europe. Il est venu tardivement à la musique classique, rêvant plutôt à l’orgue psychédélique de John Lord (Deep Purple) et aux effusions électrifiées de la guitare de Jimi Hendrix, qu’à Scriabine, Chostakovitch, Rachmaninov ou Bach ? pourtant à l’affiche de son premier récital de piano en public, à l’âge de 21 ans.
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C’est sans doute pour cette raison que Night, enregistré en concert, ne ressemble à rien d’autre. Le piano, le violoncelle et les percussions n’évoquent pas un genre précis, ils suggèrent plutôt l’inconnu. Une drôle d’aventure, où tout se passe devant un miroir, dans un jeu de renversements où chacun offre une image qui ne peut être la sienne Les angles sont faussés et les perspectives déformées, biaisées par une lumière qui en embrase les moindres détails.
Au-delà de la mélodie, Misha Alperin cherche à dessiner des enluminures avec le son, traquant les plus infimes nuances de son piano. Venus principalement du répertoire contemporain, ses deux partenaires, Anja Lechner et Hans Kristian Kjos Sørensen, se coulent avec naturel dans cette musique, guidés par un sens inné de l’improvisation.
Suite en huit parties, Night fait littéralement entendre le temps dans son sixième épisode : le violoncelle improvise et déambule sur un rythme régulier, comme le mouvement d’une horloge ou les battements d’un cœur. Juste après, les trois musiciens pénètrent dans un monde d’illusions (Heavy Hour), où il n’est plus question de rythme, mais seulement de dialogues intimes ? une rêverie à trois. Misha Alperin a imaginé que Jimi Hendrix rencontrerait Béla Bartók sur une route de Modalvie et qu’ils feraient un bout de chemin ensemble vers le Grand Nord, à la recherche d’un shaman aux yeux hallucinés’ L’atmosphère dense et raréfiée qui se dégage de Night valait bien ce raccourci de l’esprit.
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