En quatorze titres d’une pop somptueuse, remarquablement composée, écrite et arrangée par Olivier Marguerit, l’acteur de “Dix pour cent” convainc dans sa “nouvelle” carrière avec “Porcelaine de Limoges”.
Dès l’ouverture instrumentale de Promesse, on se croirait dans un film so Frenchy des années 1960, romantique et mélancolique. À l’image de Nicolas Maury, comédien brûlant les planches et la caméra (chez Guillaume Vincent ou Yann Gonzalez), révélé au grand public dans la série Dix pour cent. En réalisant son film Garçon chiffon (2020), il avait commandé un “folk personnel” au chanteur et musicien Oliver Marguerit (alias O), rencontré quelques années plus tôt lors d’un concert de Syd Matters.
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“C’est comme si je m’étais fait naître, dans une huile essentielle de jeu.” Les deux complices se retrouvent alors dans le studio parisien de Marguerit, où se tisse un album dont “chaque morceau condense le monde, telle une nouvelle”, à travers les “gloires et désastres quotidiens” de Nicolas Maury, au timbre aussi vulnérable qu’assuré : “Olivier m’a fait travailler sur les notes de passage, au seuil de la voix de tête, car c’est là où passe l’émotion…” Une émotion intelligemment délestée d’humour.
Des désirs d’émancipation
Il en faut, pour conter le petit outsider devenu homme à la sensibilité ardente, ses amours (Blouson noir, Tout, Ou un baiser, confectionné par Keren Ann et Doriand), ses danses avec un Gentleman disco, ses ruptures douloureuses. Sur le bouleversant Vers les falaises, il n’a “jamais autant ouvert la porte” de sa chambre, confesse l’intéressé. Si ses désirs d’émancipation résonnent (Paris), il convoque ses origines limousines avec la chanson La Porcelaine de Limoges.
“Je ne suis pas aussi fragile que j’en ai l’air”, dit-il. En effet, il maîtrise l’élégance mélodique de la pop orchestrale brodée par Olivier Marguerit, “du fado français” nourri des ritournelles de Sufjan Stevens ou Damon Albarn, et des voix féminines fondatrices : Françoise Hardy, Vanessa Paradis, Édith Fambuena…
Pour clore cette ronde des sentiments, le bien nommé Clap de fin rappelle l’attachement de l’acteur/chanteur à “ce pays de dépossession qu’est le cinéma, où l’on ne sait plus quoi faire de ses personnages à la fin du tournage”. Ici, il s’agit de Rimbaud. “Je est un autre”, mais c’est bien lui-même, aussi pluriel soit-il, et donc l’autre, que Nicolas Maury apprivoise dans La Porcelaine de Limoges.
La Porcelaine de Limoges (Parlophone/Warner). Sortie le 20 janvier. En tournée française et le 31 mars à Paris (Café de la Danse).
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