Tu te souviens de ton premier article pour Friends ? Une interview du MC5 il me semble… ou peut-être une série de critiques de disques : It’s gonna take a miracle de Laura Nyro ; Harvest de Neil Young – déjà Neil Young. Puis j’ai fait un gros truc sur le Grateful Dead… Je vais […]
Tu te souviens de ton premier article pour Friends ?
Une interview du MC5 il me semble… ou peut-être une série de critiques de disques : It’s gonna take a miracle de Laura Nyro ; Harvest de Neil Young – déjà Neil Young. Puis j’ai fait un gros truc sur le Grateful Dead… Je vais vous dire, cette époque était sans doute la plus heureuse de toute ma vie. J’ai beaucoup plus de joie et de plaisir de ce temps-là que des années au NME. Franchement, le NME m’a donné plus de boulot et de stress que de joie.
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Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire ? Une pulsion littéraire, l’envie de dire des choses, le désir de côtoyer les rock-stars ?
J’avais beaucoup de choses à dire et, surtout, beaucoup de questions à poser… Je n’admirais pas seulement les rock-stars, je les aimais comme des amis. J’avais tellement lu sur des types comme Keith Richards que c’était comme si je les connaissais. Et j’avais envie de les connaître encore mieux. Jusqu’en 74, je me cherchais, j’essayais divers styles que je singeais. Au bout de 4 mois à Friends, je suis entré au NME, je n’avais que 19 ans. Là, je me suis mis à gratter beaucoup plus et je pompais pas mal Nik Cohn ou Lester Bangs, mon modèle.
Dans la préface de l’Envers du Rock, tu avoues que ton style de l’époque était trop dérivatif, trop ampoulé et exhibitionniste, que tu te regardais un peu écrire.
J’étais tout simplement arrogant. J’avais une posture, une attitude à assumer. Hey, j’étais Nick Kent, l’homme du NME, le reporter en vogue, le pistolero littéraire. J’avais les couilles de fréquenter les clubs où paradaient les musiciens que j’avais descendus la semaine d’avant. Ca imposait le respect : il fallait une certaine dose de courage ou d’inconscience pour se mettre dans des situations pareilles. C’était mon côté extraverti, et ça se reflétait aussi dans mes articles qui en rajoutaient dans les effets stylistiques un peu vains. Au fond de moi-même, j’étais aussi très introverti ; mais j’étais jeune, il fallait y aller à fond.
Voyais-tu une contradiction entre la spontanéité du rock et le fait d’écrire qui demande du recul et de la réflexion ?
Non, parce que j’écrivais vite, je dégainais mes papiers comme du rock. Avec les bouclages hebdomadaires on n’avait pas trop le temps de souffler. En plus, je ne savais pas taper à la machine, je grattais mes articles au stylo en pattes de mouche frénétiques – très difficile à décrypter pour les clavistes ! Aujourd’hui j’ai plus de recul pour écrire. J’aurais bien aimé prendre plus mon temps à l’époque, mais il y avait les délais. C’était mon adrénaline, mon essence, je fonctionnais beaucoup avec la pression du bouclage.
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