Avec une époustouflante science de la sensualité et du rythme, ce collectif offre à la soul un futur radieux. Après avoir offert Massive Attack, Tricky et Portishead, Bristol livre aujourd’hui l’un des plus beaux albums de drum’n’bass à ce jour Gilles Peterson, du label vieillissant Talkin’ Loud, ne s’y est pas trompé. Elaboré par […]
Avec une époustouflante science de la sensualité et du rythme, ce collectif offre à la soul un futur radieux.
Après avoir offert Massive Attack, Tricky et Portishead, Bristol livre aujourd’hui l’un des plus beaux albums de drum’n’bass à ce jour Gilles Peterson, du label vieillissant Talkin’ Loud, ne s’y est pas trompé. Elaboré par le collectif Reprazent (DJ Krust, DJ Suv, DJ Die, MC Dynamite et la chanteuse Onallee) et conduit par le producteur maestro Roni Size, New forms est un de ces projets touchés par la grâce appelés à ensemencer, à ouvrir de nouvelles perspectives pour un mouvement bouillonnant mais encore largement incompris. Une fois encore, cette unité créatrice n’aura dû compter que sur ses propres forces, ramer à contre-courant et élaborer ses règles pour se hisser au degré d’achèvement et de plénitude qui transpire à chaque seconde de ces deux heures de musique mutante. Leur sublime set à l’Essential Festival de Londres cet été nous aura donné comme jamais le sentiment magique d’avoir entrevu la soul du futur. Le raccourci est pourtant trop simplificateur tant Reprazent synthétise majestueusement à la fois le jazz, le funk, le reggae, le hip-hop et la house tout en rajeunissant une forme d’expression où la science du rythme, maîtrisée ici comme rarement, mène la danse en impératrice absolue.
Reprazent développe un style imprévisible mais chaleureux, expérimental mais particulièrement accessible, dont on ne saurait dire s’il résulte de la solide amitié qui lie les membres du collectif l’une de ces complicités quasi télépathiques propices aux expériences ou bien s’il tient à leur façon de faire cohabiter un son organique, des instruments live (basse et batterie omniprésentes, guitare acoustique et saxo occasionnels) avec les dernières prouesses électroniques. La pureté des vocaux d’Onallee, les freestyles poétiques de MC Dynamite et le rap-scat de Bahamadia la protégée de DJ Premier sur l’exemplaire titre New forms, pourtant l’une de ces collaborations périlleuses enregistrées « à distance » sont aussi responsables du ton inspiré de ces paysages sonores enivrants, aussi à l’aise sur le dance-floor l’hymne Share the fall, que Goldie trouve toujours le moyen de glisser dans ses fameux mixes au Blue Note, en est une preuve parmi d’autres qu’à la maison pour des excursions plus cérébrales. On trouve aussi chez Reprazent un sens aiguisé de l’espace et des silences, une efficace alchimie du contraste couplant de caressantes mélodies à des beats ivres, ainsi qu’un art des lentes ou brusques montées d’adrénaline l’irrésistible ascension orgasmique de Brow paper bag à même de maintenir constamment l’auditeur en haleine. Selon MC Dynamite, « Attendez-vous à l’imprévisible et vous serez à peu près préparés. »
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