Révélé avec 1995, Nekfeu est devenu un des rappeurs français les plus populaires après son carton en solo, Feu. Il revient avec son collectif de potes S-Crew pour mettre une bonne branlée à tous les clichés. Et rappeler qu’en France, “dans la rue, les gens s’aident”.
Depuis le succès de Feu, son premier album vendu à plus de 150 000 exemplaires, Nekfeu a définitivement changé de planète. En 2015, il a été l’artiste français le plus écouté sur Spotify et a même décroché une Victoire de la musique.
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Poids lourd du rap, Nekfeu l’était déjà, mais son aura dépasse aujourd’hui largement le cercle des fans de hip-hop. Après avoir tourné une pub incandescente avec Adèle Exarchopoulos, il va faire ses premiers pas au cinéma avec Catherine Deneuve, Diane Kruger et Nicolas Duvauchelle dans Tout nous sépare de Thierry Klifa.
“Tout seul, tu vas plus vite, en groupe tu vas plus loin”
Nekfeu pourrait profiter de cette starification, enchaîner les mojitos et les soirées, mais il a choisi un chemin plus altruiste. Le 1er mai, il ne donnait pas un show-case pour une marque d’alcool mais un concert quasi improvisé, place de la République à Paris, pour les militants de Nuit debout.
“Ça va être à l’arrache de fou mais c’est aussi ça qu’on aime”, expliquait-il alors. Il aurait aussi pu sortir rapidement un deuxième album solo et capitaliser sur le succès du premier. Mais il a préféré retourner en studio avec sa bande d’amis du collège, le S-Crew, avec un album au titre explicite, Destins liés, en attendant les projets de ses autres groupes et collectifs, 1995 et L’Entourage.
Dans une cour ombragée du XIe arrondissement, Nekfeu, Framal, Mekra et 2zer Washington reviennent sur la genèse de cet album et sur l’amitié qui les lie. Alors que le rap français s’écrit de plus en plus au singulier, ils revendiquent leur trajectoire collective. “Tout seul, tu vas plus vite, en groupe tu vas plus loin.”
Comment a débuté l’histoire du S-Crew ?
Nekfeu – Il faut remonter au collège. Quand je suis arrivé à Paris à 11 ans, j’ai rencontré Framal et Mekra, qui sont frères. Nous étions en sixième ensemble et nous nous sommes tout de suite très bien entendus. La rencontre avec 2zer s’est faite six ans plus tard, en 2007. A l’époque, niveau rap, c’était lui le plus expérimenté.
2zer Washington – Nous nous sommes connus par la musique, mais nos affinités artistiques allaient au-delà. Au début, S-Crew, ce n’était même pas un groupe de rap, juste une bande du XVe arrondissement qui traînait ensemble et avait les mêmes délires. J’ai participé à leur première mixtape puis ils m’ont proposé de les rejoindre. J’étais hyper heureux car à l’époque je n’avais personne pour m’épauler dans l’écriture ou la recherche d’instrus.
Qui a initié les autres au rap ?
Nekfeu – Au départ, nous nous y sommes mis pour rigoler. On était fans de Dragon Ball Z donc on faisait pas mal de dessins ou de graffs ensemble. Le rap n’était que l’une de nos nombreuses activités. Mekra est le premier à s’y être mis sérieusement.
Mekra – On avait un micro et on enregistrait sur un logiciel qui s’appelait Audacity. Je passais mes nuits à bosser nos effets, à retravailler les instrus.
Votre nouveau single a atteint 2,7 millions de vues sur YouTube en l’espace de quinze jours. Vous vous attendiez à ça ?
2zer Washington – On savait qu’il y avait une attente car plus de trois ans se sont écoulés depuis la sortie de notre premier album.
Nekfeu – Nous nous sommes rendu compte que les morceaux inédits du S-Crew que l’on faisait sur scène lors de la tournée promo de mon album marchaient vachement bien. Le public les réclamait à chaque fois. Mais on reste surpris par ce succès.
Durant ces trois années, qu’est-ce qui a le plus changé pour vous ?
2zer Washington – Nous avons acquis une vraie maturité musicale et nos influences ne sont plus les mêmes. On a découvert de nouveaux flows, on a changé notre manière d’écrire.
Nekfeu – Ce qui a changé aussi, c’est que nous nous sommes vraiment structurés en tant que label avec Seine Zoo. Au début, c’était juste une couverture pour sortir un disque sans que quelqu’un vienne se mêler de notre direction artistique. Aujourd’hui, c’est un projet d’école de rap, de productions de self made men. On essaie de tout faire nous-mêmes : de la production des tournées aux clips.
J’ai signé mon premier contrat à 17 ans. J’ai fait confiance à des gens que j’admirais artistiquement et qui m’ont montré un visage d’eux qui m’a pas mal déçu. Avec les gars, nous nous sommes jurés de ne pas refaire les mêmes erreurs mais on en a encore fait d’autres, encore pires. (rires) C’est après toutes ces conneries que nous avons monté le label.
Framal – Nous nous sommes éloignés de tous ceux qui voulaient nous détourner de notre vocation. Nous n’avons pas envie que la logique commerciale puisse nous dicter notre ligne artistique.
Pourquoi avoir choisi d’enregistrer à Los Angeles ?
2zer Washington – Pour le dépaysement. On voulait se couper du quotidien.
Mekra – C’est l’endroit en dehors de Paname où l’on se sent le mieux.
Nekfeu – Pour un fan de rap, New York et L. A. sont deux villes iconiques. Tout le monde est chaud là-bas, et c’est stimulant. Durant un mois, nous avons travaillé non stop. On a laissé bosser notre compositeur, qui s’appelle Hugues, Hugz Hefner. Nous sommes sortis chercher l’inspiration à droite, à gauche. On faisait des clips en parallèle.
On sent une prolongation de l’ambiance de Feu dans ce nouvel album…
Nekfeu – C’est sans doute dû au compositeur numéro 1 du S-Crew, monsieur Hugz Hefner… C’est un peu le ciment du collectif.
Framal – 90 % des instrus, c’est lui.
Dès la fin de la tournée promo de Nekfeu, on sentait que l’aventure collective reprenait ses droits. Tout le S-Crew était présent lors des Victoires de la musique ou pour ton Olympia…
Nekfeu – Ce n’était pas calculé, nous sommes toujours ensemble. Au début, pour nous, c’était une grande souffrance lorsqu’on a commencé à intéresser les médias. On ne comprenait pas pourquoi ils refusaient de nous voir tous ensemble. En réaction, nous sommes devenus des “forceurs”. Si tu nous invites, on débarque à vingt, et si ça ne te va pas, on ne vient pas.
Vous n’avez pas souffert de la personnalisation autour de Nekfeu ?
2zer Washington – C’est normal, c’est la partie émergée. Mais on essaie de travailler pour que chaque individualité de Seine Zoo soit une entité en soi.
Nekfeu – Parfois, j’accepte les sollicitations au nom du groupe. A partir du moment où mon ordre de mission est validé, je vais porter la bonne parole de Seine Zoo. Plus on gravit les échelons, plus on se fait la courte échelle entre nous. On n’oublie pas que derrière la musique il y a avant tout un délire entre potes. Monter sur scène seul, c’est un cauchemar.
Dans un morceau du nouvel album, tu dis : “Malgré les stats, je refuse d’être une star, le chemin est instable dans ma chevauchée.” Après ton album solo, as-tu eu l’impression d’être dépassé par ton succès ?
Nekfeu – Non, car je suis pragmatique et bien entouré de gens qui ne me font pas de cadeaux et me disent vraiment ce qu’ils pensent de moi. Je ne risque pas de m’écarter de ma ligne directrice.
L’album du S-Crew, c’est un retour aux sources ?
Nekfeu – Non, le plan se déroule comme prévu. Chacun souhaitait sortir un album solo. Il se trouve que le mien est arrivé avant mais ceux de 2zer, Mekra et Framal viendront ensuite. Je me suis rendu compte qu’un album solo était plus compliqué à accoucher qu’un projet collectif car c’est beaucoup plus intime.
A partir des années 2000, les collectifs de rap ont laissé la place à des carrières solo. Vous inversez cette tendance…
Nekfeu – Ce qui a fait beaucoup de mal aux groupes de rap, ce sont des gens pas forcément passionnés qui sont devenus producteurs et ont embrigadé des rappeurs jeunes et en ont fait ce qu’ils voulaient comme artistes. Objectif : isoler le mec, qu’il n’ait pas de contacts extérieurs. On voit beaucoup ça dans le rap, c’est comme des macs. Ils rendent le rappeur dépendant et ils ont tué tout esprit collectif… Faire les choses en équipe, c’est une façon old school de fonctionner, mais c’est ce qu’on apprécie. Des collectifs dans le rap, il y en a eu tellement : Time Bomb, Secteur A…
Contrairement à 80 % de la production rap actuelle, il n’y a pas d’Auto-Tune sur votre album. Vous vous interdisez de l’employer ?
2zer Washington – Il y en a de petites touches. On ne s’interdit pas d’en faire.
Nekfeu – On écoute Drake, Future, Young Thug et quand ils utilisent l’Auto-Tune, on trouve que ça défonce. Ce qui est horrible, c’est quand tu t’en sers pour masquer tes défauts.
Mekra – L’Auto-Tune, on ne l’aime pas quand il est mal utilisé. C’est comme une arme en fait, et il faut éviter de se tirer dans la jambe.
Vous ne faites pas de la trap et vous ne faites pas non plus du rap conscient. On a l’impression que vous creusez une troisième voie…
Nekfeu – On fait du rap inconscient. (rires) Toutes les thématiques sont abordées sur notre album. Il y a de la politique, de la haine qu’on expurge et de l’ego trip. Notre rap est le reflet de nos vies.
Nekfeu, le 1er mai, tu as joué à Nuit debout…
Nekfeu – J’ai commencé à m’intéresser à ce mouvement en passant devant la place de la République. J’y ai vu ce que j’aimais dans la vie en général, à savoir des échanges, des débats pour réinventer la société. Il y avait une vraie remise en question de la société de consommation. J’ai eu l’impression que ça pouvait prendre et j’avais envie d’apporter mon aide.
J’hésitais et à un moment je me suis décidé à intervenir. Je ne supportais pas l’ironie et le cynisme avec lesquels certains médias traitaient le mouvement. J’entendais : “C’est qu’un truc de bobos, il n’y a pas de gens des quartiers, ça se mélange pas…” J’avais envie de répondre à ces attaques, de leur prouver que notre public pouvait se déplacer à Nuit debout. C’était cool de voir des jeunes rester ensuite pour l’assemblée générale.
Comment ce concert improvisé s’est-il organisé ?
Nekfeu – Nous n’avions pas l’autorisation de la préfecture de police. On a essayé de me dissuader de m’y rendre en me disant que ça serait un enfer et c’est vrai que ça l’a un peu été. (rires) Mais j’avais vraiment envie de le faire. Je n’ai pas beaucoup de possibilités d’intervenir en politique à part ma musique.
Quand on est rappeur, on ne se sent pas légitime à prendre la parole. La loi travail me révolte mais j’hésite à en parler car on n’a pas le jargon adéquat, on a toujours peur de ne pas savoir répondre à une pirouette d’énarque. Du coup, on ferme nos gueules. Aujourd’hui, j’ai décidé de me mouiller.
Quel bilan fais-tu de Nuit debout ?
Nekfeu – J’adore ce qu’a fait ce mouvement mais je trouve qu’il manque quelque chose dans la compréhension de la nouvelle génération. Celle qui veut tout casser. J’ai envie de voir émerger un soulèvement populaire. Je ne supporte plus que le pouvoir reste aux mains d’une petite oligarchie politique et économique, ça donne envie de renverser la table. Je fais partie de ces jeunes qui ne croient plus en nos hommes politiques. Mes références politiques, ce sont plutôt des personnes comme ce capitaine qui va sauver des réfugiés en mer ou quelqu’un qui se bat pour les migrants.
Dans un des morceaux de l’album, tu dis : “On ne veut pas de ce gouvernement et de ces lois collabos”. C’est une référence directe à la loi El Khomri ?
Nekfeu – Tout à fait. Une majorité de la population est contre mais le gouvernement tente de la faire passer en force. J’ai l’impression que l’on vit une situation similaire à celle de la Grèce après le référendum de l’année dernière. Le peuple vote majoritairement contre de nouvelles mesures d’austérité et finalement elles passent quand même. On voit bien le décalage entre la volonté populaire et des décisions prises par une poignée de dirigeants.
Les manifestations contre la loi travail se sont déroulées avec des phrases de rappeurs brandies comme des slogans. Le rap est-il le meilleur moyen de faire entendre sa colère sociale aujourd’hui ?
2zer Washington – Le rap a toujours été une musique de révoltés. Il a servi à faire la fête mais aussi à s’indigner. Ces slogans montrent que le rap est devenu très populaire et que cette musique touche aujourd’hui toutes les couches sociales de la population.
Nekfeu – Personnellement, j’ai plus pris ça comme une blague. C’est comme un sample. Les manifestants ont isolé des lyrics et les ont transformés en slogan. Ça montre surtout que le rap est une musique tellement orale qu’elle donne envie d’être reprise pour des actions. Rien que ce que nous faisons au sein du S-Crew a une dimension politique.
Pour quelles raisons ?
Nekfeu – Avoir un groupe, être tous à la même place, s’entraider, décider de tout collectivement : on se vit comme des communistes. Nous sommes quatre associés et chacun a le même poids.
Comment avez-vous vécu l’annulation du concert de Black M à Verdun ?
Nekfeu – Pour moi, c’est du racisme pur et simple. Le truc est parti du site d’extrême droite Fdesouche. Avec cette polémique, ils ont réussi à remuer la merde et ils ont eu ce qu’ils voulaient. C’est symptomatique des fractures de la société française. Personnellement, je n’aurais pas joué à Verdun. Quand je lis le récit des poilus qui ont combattu durant cette guerre, je vois surtout des jeunes qui ont été utilisés comme de la chair à canon pour servir quelques mecs au pouvoir. Si j’avais été envoyé dans les tranchées, je n’aurais pas envie que le chef de l’Etat me rende hommage un siècle plus tard. J’aurais juste souhaité ne pas être tué pour des intérêts qui ne sont pas les miens.
Nekfeu, au moment de la sortie de ton album solo, on t’a accusé d’avoir eu du succès en raison de ta couleur de peau. Que penses-tu de cette polémique ?
Framal – C’est raciste de dire ça.
Nekfeu – Il y a une part de vérité dans le fait qu’un Blanc avec une gueule pas trop cassée puisse rassurer davantage certains médias. Ce que j’ai dit à Olivier Cachin, journaliste blanc d’ailleurs, qui a évoqué le sujet, c’est que je n’ai pas demandé à être ce que je suis.
Après j’ai envie de lui dire : “Réjouissez-vous qu’il y ait un cheval de Troie comme moi dans le hip-hop.” Je sais que c’est plus facile d’être invité en soirée ou de prendre un taxi quand tu es blanc, mais comme je le dis dans mes lyrics : “Je vois plein de babtous pompeux mais je ne suis pas un babtou comme eux.”
2zer Washington – Que Nekfeu rassure la ménagère de moins de 50 ans, peut-être, mais cette polémique était choquante. Si son album était pourri et qu’il était méga exposé, je pourrais comprendre mais là, le mec a du talent.
Mekra – On n’a vu aucun rappeur blanc monter et être naze, à ce que je sache. Je ne comprends pas cette lecture ethnique…
Vous n’avez pas l’impression qu’il y a une résurgence des violences communautaires, comme avec l’annulation du concert de Booba à Lyon ? Qu’il suffit d’une étincelle pour créer des tensions ?
Nekfeu – Pour moi, c’est la responsabilité des médias. Ce sont eux qui jettent de l’huile sur le feu, ce sont eux qui choisissent de traiter ces sujets plutôt que de choses positives. Et ce genre de débats n’amène que du repli sur soi. Mais dans les quartiers, on n’a pas ce genre de problèmes. Regarde notre collectif : on est quinze, on vient de tous les horizons, aucun souci… Il faut arrêter, à un moment.
Pourtant le sujet est omniprésent…
Nekfeu – Parce que l’islam est une garantie de vente pour les journaux de merde, pour faire du buzz. Donc le sujet s’installe, il y a des débats avec de faux experts qui sont invités mille fois, on ne sait pas pourquoi. Et même si on les présente en disant “attention, ils vont dire des choses choquantes”, ça crée une espèce de climat où tu as l’impression qu’on est en guerre les uns contre les autres… Mais dans la rue, ce n’est pas ça. Les gens s’aident, ils échangent, les voisins s’entendent bien.
2zer Washington – Les médias et la réalité sont deux mondes différents. Du coup, les babtous qui vivent en province ou à la campagne, qui ne voient pas de Noirs ou de Rebeus au quotidien, deviennent racistes à cause de la télé.
Nekfeu – C’est quand même marrant de voir que le FN fait ses meilleurs scores là où il y a le moins de “populations issues de l’immigration”. Ça montre bien que le traitement médiatique joue à plein.
De plus en plus de rappeurs des années 1990 font leur come-back, comme Doc Gyneco en tournée ou Arsenik et Les Sages Poètes De La Rue qui sortent un album. Vous vous voyez continuer à rapper à 40 ou 50 piges ?
2zer Washington – Bien sûr ! Si la passion est toujours là, je peux rapper jusqu’à 120 ans.
Nekfeu – Moi, je rêve d’une vie simple à long terme. Et le rap c’est une vie… différente. Mais continuer à faire du son et à écrire, bien sûr. Après, voir des tauliers comme Lino revenir, toujours avec la même technique, le même flow, avec la carrière qu’il a, ça force le respect, c’est trop cool.
NTM, qui pourrait bientôt remonter sur scène, ça fait aussi partie de vos références ?
Nekfeu – On a fait une date avec eux. Même parmi les rappeurs américains, je ne sais pas s’il y a des mecs aussi forts qu’eux sur scène. Alors comment veux-tu, à moins d’être un menteur ou un égoïste, ne pas rendre hommage à des gars comme ça ? On les a vus au Parc des Princes en 2009, c’était dingue.
Considérez-vous que le rap a changé d’image en France ?
Nekfeu – C’est en train d’évoluer mais c’est lent…
Quand tu es passé à On n’est pas couché, en septembre 2015, tu n’as pas trouvé que le traitement du rap était encore caricatural ?
Nekfeu – Ça l’était mais d’autres artistes ont subi le même sort. Parfois, je vois un écrivain qui a bossé plusieurs années sur son livre, qui y a tout mis et qui se prend des remarques très difficiles à encaisser… Dans ce genre d’émissions, il y a des personnages : un guignol, un gentil flic et un arbitre…
Et cette image du “rappeur qui a lu des livres”, ça ne te dérange pas ?
Nekfeu – Les gens s’embarrassent eux-mêmes avec ce genre de clichés. C’est comme aux Victoires de la musique où je suis présenté comme un “rappeur littéraire”… Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Bon, je l’ai un peu cherché, j’ai eu l’audace de citer quelques livres que j’avais kiffés, pour les rendre un peu plus pop…
Mais c’est comme un rappeur qui parle de drogues et de deals dans certains de ses textes : il va devenir “le rappeur caillera” et ça va l’énerver qu’on le résume à ça – parce qu’il n’est pas que ça. Le problème, c’est l’importance du titre. Tout se résume désormais à un slogan, une accroche, sans qu’on aille au fond des choses. Je ne sais pas à quoi c’est dû, peut-être parce que les gens lisent moins…
Aujourd’hui, avec des sites comme Rap Genius, les textes de rap sont commentés, analysés, disséqués par les internautes. Comment le vivez-vous ?
Nekfeu – C’est cool, j’ai appris des choses sur moi-même : “Ah, j’ai voulu dire ça en fait”. (rires) Ce qui me rend fou, c’est quand les textes ne sont pas les bons… Je me dis “Ah bon, les gens ont entendu ça ? Goddamn !” Mais c’est une super initiative. Ils nous avaient proposé d’avoir un compte certifié, pour rectifier les textes, mettre nos propres commentaires… Mais c’est comme un auteur qui rédige sa propre critique, c’est horrible. Je préfère qu’ils fassent leurs propres analyses, qui sont d’ailleurs souvent assez bonnes, bien renseignées. Mais j’aime autant que les gens écoutent l’album avant de lire ça, qu’ils se fassent leur propre idée.
Nekfeu, tu vas bientôt jouer avec Catherine Deneuve dans un film de Thierry Klifa. Le cinéma, c’était un rêve pour toi ?
Nekfeu – A la base, je ne veux pas être acteur. Mais une opportunité de malade m’est tombée dessus et j’ai rencontré des gens hyper bienveillants qui m’ont convaincu. Mon rêve, c’est plutôt d’être derrière la caméra. Réaliser, les gars et moi, ça a toujours été notre kiff.
2zer Washington – Le but ultime serait un film pour retracer notre histoire, notre parcours.
Votre pronostic pour l’Euro ?
Nekfeu – Il va chuter, le dollar va reprendre le dessus. (rires)
Album Destins liés
Concerts le 1er juillet à Hérouville-Saint-Claire (festival Beauregard), le 2 à Arras (Main Square Festival), le 3 aux Eurockéennes de Belfort, le 5 à Bayonne, le 7 à Argelès-sur-Mer (Les Déferlantes), les 8 au pont du Gard (Lives au pont), le 9 à Aix-les-Bains (Musilac), le 10 à Liège, le 14 aux Francofolies de La Rochelle, le 15 au Montreux Jazz Festival, le 17 à Carhaix (Les Vieilles Charrues), le 18 à Carcassonne, le 26 août à Charleville-Mézières (Cabaret vert), le 27 à Namur, le 1er décembre à Paris (AccorHotels Arena)
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