Toujours aussi engagés, le “Loner” et son Crazy Horse reviennent avec un récit folk rock brillant, rappelant ce que Mère Nature nous apporte et l’importance de la laisser respirer.
Il est décidément difficile d’oublier l’existence de Neil Young, qui, à 77 ans, est plus actif que la plupart des rappeurs qui pourraient être ses petits-fils. Outre les bootlegs et autres disques inédits qu’il sort régulièrement de ses tiroirs (le dernier, Toast, est paru en juillet dernier), il file en studio dès qu’il a cinq minutes. Ainsi, après un Barn ultra-boisé paru en décembre 2021, Neil Young revient déjà avec son 42e album studio, World Record. Et ne change pas ses habitudes activistes, trame narrative des dix chansons ici rassemblées autour d’une Terre massacrée par le capitalisme et l’individualisme.
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Ces ballades d’un Far West qu’il faut reconquérir s’inaugurent avec le folk de Love Earth, presque jovial et néanmoins nostalgique, accompagné d’un piano d’obédience ragtime. Le ton s’affirme sur Overhead, l’harmonica résonne, le terreau rock’n’roll palpite à nouveau, et plus encore sur les guitares heavy du titre suivant, I Walk with You (Earth Ringtone). Enregistré live dans le studio de Rick Rubin à Malibu, World Record brille par la simplicité du propos comme des mélodies, qui vont toujours droit aux tripes.
Un espoir mi-prosaïque, mi-poétique
Triturant le format protest song, Neil Young harangue les auditeur·trices comme un politicien soulève les foules. “Tu n’es pas seul”, chante-t-il sur l’Americana de This Old Planet (Changing Days), avant d’appeler à Break the Chain. Mais il sait doser ses effets : juste après, il convoque le grand patrimoine américain sur The Long Day Before, hymne de cowboy solitaire sauvé par des chœurs gospel. C’est une main bienveillante sur notre épaule que pose Young, sans leçon de morale ou conseils paternalistes.
Dans l’électrique Chevrolet, dont les quinze minutes sont ponctuées par des solos de guitare (auto)jouissifs, le roi du road trip assume sa passion pour les bagnoles tout en convoquant les possibilités des énergies fossiles. Si on le préfère sur le micro-folk intimiste de la réinterprétation finale de This Old Planet, Neil Young réussit à nous transmettre son espoir mi-prosaïque, mi-poétique malgré le temps qui passe inexorablement, réchauffant la planète et le rapprochant lui-même de sa propre disparition.
World Record (Reprise Records/WEA). Sorti depuis le 18 novembre.
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