Le paradoxe est là : à l’heure où la drum’n’bass sonorise les jingles télé ou les pubs de lessives, signe d’intégration indiscutable, ses artistes semblent à la recherche d’un second souffle auprès du grand public. Trop vite dépossédés, nombreux sont les fidèles de l’underground à avoir bêtement succombé l’hiver dernier aux sirènes crapuleuses, mais en […]
Le paradoxe est là : à l’heure où la drum’n’bass sonorise les jingles télé ou les pubs de lessives, signe d’intégration indiscutable, ses artistes semblent à la recherche d’un second souffle auprès du grand public. Trop vite dépossédés, nombreux sont les fidèles de l’underground à avoir bêtement succombé l’hiver dernier aux sirènes crapuleuses, mais en avance d’une récupération, d’un mouvement déjà oublié : le speed-garage. Un an après, que reste-t-il donc de la déflagration provoquée par les albums magistraux de Photek ou Roni Size ? Seul ce dernier a réellement trouvé des oreilles attentives grâce à ses concerts renversants. Ni Goldie aux ambitions démesurées ni 4 Hero les Cecil B. De Mille du genre n’ont su cueillir les fruits d’un succès qui leur semblait promis. Aujourd’hui, nous voilà prêts à parier sur le vétéran Grooverider, DJ pionnier des premières raves, fondateur de la plate-forme Prototype et remixeur pertinent pour des sommités telles que Goldie, Adam F ou Jonny L. Et surtout, ici même, auteur de son premier véritable album, Mysteries of funk, alliant à merveille austérité et sensualité. Là où ses pairs cherchent, souvent lourdement, à laisser une hypothétique trace de leur passage dans l’univers ô combien versatile de la créativité musicale, ce tueur-né des platines se contente de tricoter une drum’n’bass rigoureuse et fière de l’être. Connu pour son style apocalyptique tendu à l’extrême, Grooverider esquisse ici un accord de paix avec les mélodies, enrobe son ascétisme de mystérieux murmures féminins et modère son âpreté en butinant du côté du dub (C-Funk), de la soul (Rainbow of color) ou du jazz-rock (le plus souvent, comme sur Imagination). Plus porté sur ses platines de DJ « ma maîtresse » que sur la composition « juste un hobby » , l’as des mixages a recruté l’un de ses protégés, Matt Quinn, pour ce projet. Plus connu sous le nom d’Optical, cette fine lame des consoles, compositeur prolifique et surdoué, serait-il la botte secrète de ces « mystères du funk » ? Alors qu’il se murmure déjà que le disciple aurait surpassé le maître, Grooverider balaie les commérages avec la théorie sans appel des vases communicants : « Nous avons appris l’un de l’autre. Je lui ai donné le funk, il m’a rendu le son. »
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