Avec son vilain nom frigide à jouer du postrock tue-l’amour, Aereogramme cache bien son jeu, doux et sensible : une enveloppe bien ingrate pour ces Ecossais au crooner largué, totalement inattendus dans ce registre feutré mais inquiet, eux qu’on avait connus jouant un rock furieux et malsain, avec le malheur et la bombe atomique dans […]
Avec son vilain nom frigide à jouer du postrock tue-l’amour, Aereogramme cache bien son jeu, doux et sensible : une enveloppe bien ingrate pour ces Ecossais au crooner largué, totalement inattendus dans ce registre feutré mais inquiet, eux qu’on avait connus jouant un rock furieux et malsain, avec le malheur et la bombe atomique dans leurs guitares, sur un précédent Sleep & Release. Qu’a-t-il pu se passer pour que ce groupe, que l’on envisageait comme le bâtard de noces sataniques entre Cannibal Corpse et Godspeed You! Black Emperor, se love aujourd’hui dans une telle délicatesse, se drape de tant de cordes, d’arrangements soyeux et de mélodies en pur ciel de traîne ? Une chanson, emphatique au possible, s’appelle Finding a Light et, effectivement, Aereogramme a vu la lumière : noire. Et on pense même en connaître le fournisseur : Talk Talk, inventeur de cette pop laconique, étirée jusqu’à son point de rupture, à la fois horizontale et escarpée. La science des dynamiques extrêmes et du mélodrame d’Aereogramme est ainsi passée au service d’un lyrisme mélancolique, de vastes et épiques pop-songs qui font ricaner les garçons en bonne santé et fondre les filles ? l’inverse est possible. Tout ceci vire parfois au pompeux, notamment à cause de textes ado-grandiloquents, mais ce revirement est suffisamment hardi et passionnant pour qu’on imagine (on est naïf et romantique) une suite inouïe, à la Scott Walker.
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