John Entwistle aura manqué ça. L’auteur du riff de basse canonique de My G-g-g-generation est mort comme un con en juin dernier, d’une crise cardiaque au Hard Rock Hotel de Las Vegas lors d’une énième tournée g-g-g-gériatrique des Who, avant même d’avoir pu tenir entre les mains cet objet : la réédition attendue depuis des […]
John Entwistle aura manqué ça. L’auteur du riff de basse canonique de My G-g-g-generation est mort comme un con en juin dernier, d’une crise cardiaque au Hard Rock Hotel de Las Vegas lors d’une énième tournée g-g-g-gériatrique des Who, avant même d’avoir pu tenir entre les mains cet objet : la réédition attendue depuis des lustres du premier album du groupe, l’un des rares classiques absolus de l’histoire du rock (le seul ?) à n’avoir jamais bénéficié d’un transfert digital, hormis dans son incomplète version américaine.
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On n’aura pas poireauté pour rien en tout cas, puisque la régénération de My generation prend aujourd’hui la forme d’une édition Deluxe, soit un double CD généreusement rallongé de 17 bonus-tracks, dont six totalement inédits (parmi lesquels une hypnotique version du proto Velvet The Good’s Gone), et serti d’un emballage de prestige qui a fait la gloire de cette collection.
En posant sur la pochette aux côtés de quatre fûts de propanes, on imagine bien l’objectif des Who en 1965 : devenir au nez des Stones et à la barbe des Kinks le groupe londonien le plus cataclysmique de l’époque. Partis avec une longueur de retard, les Who soigneront mieux que quiconque l’allumage en alignant plus de compositions originales qu’aucun autre de leurs congénères ne l’avait fait sur un premier album. Et pas n’importe lesquelles : La-la-la Lies, The Kids Are Alright, A Legal Matter, Circles, My Generation, autant de capsules sous pression dont l’éclatement brutal aura balafré à jamais les mémoires.
Ce précis des montées d’hormones que constitue alors l’écriture de Townshend, dont la forme ambitieuse dévoile déjà par fragments les grands chantiers à venir, trouve en ce premier jet son incarnation pure, idéale, qui est comme l’ossification des frustrations, des espoirs, des ambiguïtés et des transgressions morales, physiques et affectives d’une génération tout entière.
Pour un petit disque de rock’n roll blanc encore sous la perfusion du R&B noir (reprises de James Brown à la clé), c’est un dessein énorme que les Who, un peu kamikazes, embrassent à pleine langue, une main sur la braguette et l’autre au feu. On a beaucoup glosé depuis sur la fameuse promesse non tenue de My Generation (« J’espère mourir avant de devenir vieux« ), comme s’il fallait à tout prix mettre ce genre de menaces immatures à exécution. L’essentiel, c’est que les Who aient approché le temps d’un disque le mythe de l’éternelle jeunesse, lui faisant l’offrande d’un visage, d’une voix et d’un hymne. QUI dit mieux ?
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