Des Normands érudits prennent aux USA un joli cours d’excentricité.
L’adresse myspace du groupe pourrait inquiéter : maartenpopband, comme une carte de visite professionnelle, garantissant tout le sérieux et l’expérience de l’entreprise. Et effectivement, My Favourite Sheriff brille par son professionnalisme et son pointillisme. Mais heureusement, les Normands ne se contentent pas toujours ici de réciter en singes savants un savoir-faire éloquent, de jouer une de ces pop-music aussi instruite que stérile que réservent généralement les musiciens Beck + 5. Pour justement empêcher leur pop de tourner en rond(ron), pour éviter ce piège fatal de l’orthodoxie et de l’anglophilie tremblante, ils ont injecté un corps étranger radical dans leur écriture si soignée et élégante : la barbe excentrique de Jason Lyttle, ancien leader de Grandaddy et grand maître de ces sabbats où la pop-song dérouille et dévisse. Du coup, le groupe que l’on avait connu, notamment sur CQFD, un peu raide et sage dans une pop qui, de Rouen, regardait l’Angleterre avec une dévotion de bigot, a desserré sa cravate de boarding-school, balancé à la Manche ses Beatles-boots et joue aujourd’hui une pop perturbée, typique d’une certaine coolitude américaine (de Postal Service à Sparklehorse), où des blips sales viennent sagouiner des murs de cordes, où des sales gosses viennent tirer les carillons de guitares, où un refrain angélique peut se barrer en sucette psychédélique. Cette leçon de désacralisation, voire d’émancipation ne tranforme pas encore Maarten en cancre, mais il n’est déjà plus premier de la classe : le bienfait de ces établissements très sélects d’Amériques.
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