Tout au long des années 80, dans une sorte de contre-allée fleurie préservée des brusques changements de température musicale si fréquentes en Angleterre, Louis Philippe s’est bien amusé. Français passé à Londres par résistance aux conformismes de tous poils qui sclérosaient le rock ou la pop hexagonale, il devint, avec un autre roi d’opérette (King […]
Tout au long des années 80, dans une sorte de contre-allée fleurie préservée des brusques changements de température musicale si fréquentes en Angleterre, Louis Philippe s’est bien amusé. Français passé à Londres par résistance aux conformismes de tous poils qui sclérosaient le rock ou la pop hexagonale, il devint, avec un autre roi d’opérette (King of Luxembourg), ce souverain d’un royaume en pâte d’amande, le fabuleux label El Records, dirigé d’une main de velours par l’excentrique Mike Alway, un génie en tout sauf en affaires. La belle équipe s’est dispersée, mais Philippe Auclair/Louis Philippe a continué à publier régulièrement des albums, parfois sans un rond mais jamais sans idées, et a fait beaucoup pour ses semblables : dans le dico d’Assayas, il a écrit des pages sensibles sur quelques belles causes perdues (de The Association aux Zombies), tandis qu’il pige régulièrement pour France Football, où ses articles sur le foot anglais rendent nos écrivaillons d’ici bien pâles.
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Sur un plan musical, il a notamment enregistré sous la férule de Burgalat avec un orchestre philharmonique tchèque, interprété des mélodies de Poulenc et conçu un drôle d’album inclassable avec l’écrivain Jonathan Coe. Sur My favourite Part of You, sans doute son meilleur disque de la récente période, l’entente cordiale avec l’auteur de Testament à l’anglaise se poursuit puisque Coe s’est fendu de trois des onze textes de l’album, parmi lesquels le splendide Seven Years. Essentiellement bâties au piano, caressées par des cordes souvent subliminales, les chansons de Louis Philippe possèdent une gravité et une profondeur nouvelles. Et si l’inspiration demeure la même (Brian Bacharach et Burt Wilson croisant Steely Dan sur une plage brésilienne, en gros), la façon d’habiter les mélodies, au lieu de se contenter de les habiller, devrait enfin lui apporter la reconnaissance de songwriter qu’il mérite.
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