Il y a peu, c’était la Saint-Valentin. Et la fête des amoureux, ça laisse toujours des traces… Et aujourd’hui c’est la journée de la femme : Francis Dordor la célèbre à sa façon.
Chris Brown chargeant ses poings de témoigner son amour à Rihanna début février… Joeystarr condamné le 13 février pour des coups portés à son ancienne compagne en août dernier… Si l’on ajoute la rediffusion sur une chaîne câblée de Tina, biopic consacré au martyre de la sainte en minijupe lamée qui fut sacrifiée au lion Ike Turner dans les arènes du rock, il ne sera finalement resté des roses de la Saint-Valentin 2009 que les épines, au bout desquelles flotte, suspendue, une idée un peu lugubre du mâle éternel.
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En fouillant bien, on pourrait, pourquoi pas, y trouver aussi matière à une histoire de ces musiques réécrites à l’encre noire et bleue des mains courantes. Tout s’y tient comme dans l’oeuf du serpent. Les enfances piétinées, les pères abusifs, les beauxpères fouettards, les mères soumises, souvent battues, cette violence qui a fini par colorer toute la vie affective au point d’être reproduite dans les relations les plus intimes. En somme, cet art rebelle du blues y surgirait comme “le geste de mépris d’hommes que le rejet a plongés dans une sorte d’extase furieuse”, pour reprendre les mots de l’écrivain afroaméricain Richard Wright. Tant d’artistes qui ont ainsi honoré la tradition de la raclée, parfois du meurtre, et mis à nu ce terrain passionnel à jamais miné. James Brown, Jerry Lee Lewis, Sid Vicious, Phil Spector, Bertrand Cantat, Frank Sinatra : ça aurait une sacrée gueule, non ?
Dans ce panier à salade, on rangerait aussi les amours assassines qui coûtèrent la vie à Sam Cooke, buté dans un motel par un rival, à Robert Johnson, empoisonné à la strychnine par un mari jaloux. Mais aussi l’histoire de Mary Woodson, petite amie d’Al Green, cet autre orfèvre du désespoir sensuel. Un soir, alors que le chanteur se prélasse dans son bain, Mary surgit comme une furie avec une casserole pleine de porridge bouillant dans chaque main qu’elle verse sur le dos de son amant. La version officielle, celle à laquelle a conclu l’enquête, c’est qu’Al fut conduit aux urgences par une amie, qui se trouvait sur les lieux, et qu’en rentrant il aurait découvert le corps de Mary, qui s’était suicidée avec son arme entre-temps. Disculpé, Al fut contraint de recevoir, en guise d’ultime preuve d’amour, un greffon de peau de cochon qui a permis de réparer les dégâts causés à son dos. C’est bien connu, les histoires d’amour finissent mal, souvent en eau de boudin. Parfois en peau de cochon.
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