Troisième album de Jordan Lee aka Mutual Benefit et une confirmation : le folk de l’Américain, pur et orchestral, fonctionne à l’énergie solaire.
Des envolées savamment orchestrées, des chœurs en quête de vertiges ascensionnels, un songwriting haut perché et des harmonies fragiles : la recette développée sur Thunder Follows the Light est classique, connue de tous, c’est celle autrefois défendue par les Fleet Foxes et quelques barbus américains à chemises à carreaux, mais le multi-instrumentiste Jordan Lee parvient malgré tout à la rendre séduisante. « Le soleil se couche sur la ville”, chante-t-il en introduction de New History, un des deux singles de ce troisième album, sans doute encore plus profond, dense et lumineux que ne l’était le déjà très réussi Skipping a Sinking Stone en 2016.
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Invitation à une douce ivresse
C’est pourtant au cœur d’un lieu loin d’être crépusculaire, profondément magique que l’Américain nous convie, un lieu tenu à l’écart de la civilisation, où rien ne semble peser sur le destin du monde, où rien, sinon d’évidentes préoccupations écologiques, ne paraît menaçant. C’est dire si l’on se sent choyés au sein de ses dix folk songs délicieusement douces, conscientes de leur tradition mais jamais étouffées par son poids. Thunder Follows the Light n’aspire de toute façon qu’à une chose : provoquer de somptueux vertiges, inviter l’auditeur à enfouir l’air par litres et à prendre la route, “avec rien derrière et tout devant” comme disait Jack Kerouac.
Transcendance de la machine folk
Mutual Benefit ne s’est toutefois pas contenté de faire dans le cliché des disques qui s’écoutent comme des carnets de voyage. Il faut ainsi tendre une oreille curieuse à des titres comme Nightingale Sing ou Stormcellar Heart pour comprendre que Jordan Lee et ses sbires ont parsemé leur disque de petites intentions, emplies de refrains aux pouvoirs magnétiques et de légères inclinaisons électroniques. Plus que jamais, il s’agit donc de s’abandonner, voire de s’évader lorsque résonnent ces mélodies extrêmement précises, qui tiennent finalement plus de l’artisanat d’orfèvre que de la grosse machine folk taillée pour la grande distribution.
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