Dans une enquête menée par le magazine NEON, plusieurs femmes accusent l’artiste de violences sexuelles. Une plainte pour viol a été déposée début novembre.
Dans le sillage des appels à témoin lancés par le collectif anonyme #MusicToo en juillet dernier, le magazine NEON a publié, vendredi 27 novembre, une enquête visant le musicien Spleen (gagnant du concours CQFD des Inrockuptibles en 2005). Une vingtaine de femmes l’accusent d’agressions sexuelles, de viols, « d’autres encore assurent avoir été filmées à leur insu pendant des actes sexuels forcés ou consentis ces vidéos ayant ensuite servi à faire pression sur elles. Nous sommes aussi confrontés à des récits de harcèlement, de menaces, d’exposition de photographies sans autorisation…”, rapportent Julien Chavanes et Benjamin Monnet, les journalistes à l’origine de l’enquête.
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Après avoir été alertée une première fois des agissements supposés de Spleen dans le courant du mois de juin 2020 – à la suite d’une enquête sur les agressions présumées du street artist Wilfrid A. -, la rédaction du magazine est entrée en contact avec le collectif #MusicToo, qui recueille au même moment les récits et témoignages de personnes victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles dans le milieu de la musique : “En ont-ils reçu concernant Spleen ? Réponse : oui. Et d’autres leur parviennent encore dans les semaines qui suivent. Nous ne pouvons plus ignorer ces faits qui sont portés à notre connaissance. Nous commençons notre enquête à la fin de l’été”, poursuivent-ils.
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Une plainte pour viol déposée début novembre
En plus de la plainte pour viol déposée début novembre, l’enquête de NEON nous apprend que deux plaintes pour “agression sexuelle” et “harcèlement sexuel et captation d’images impudiques” ont déjà été déposées en octobre 2018. Des accusations recoupant le récit de Rose (son prénom a été modifié), contactée par le chanteur sur Facebook en 2016. Glaçant, son témoignage évoque une rencontre dans le cadre d’un projet photo et vidéo, au cours de laquelle, après avoir passé quatre heures assise sur une chaise à répondre à des questions intimes, le musicien l’aurait filmée en tentant de l’embrasser à plusieurs reprises : “je mettais juste le buste en arrière en faisant “non” de la tête. Il a recommencé cinq fois, six fois, avec des regards méprisants, en m’attaquant sur mon manque de liberté, en disant que j’étais frigide ou homosexuelle. J’ai fini par le laisser faire, mais sans être active et avec une moue ostensiblement dégoûtée”, confie-t-elle aux journalistes.
A la suite de cela, Spleen aurait conduit Rose dans sa chambre, où ils auraient eu des rapports sexuels non-consentis, tandis qu’une caméra filmait la scène : “Ce malade m’a envoyé une capture de la vidéo qu’il a prise de moi pendant qu’il était en train de me violer !” En confrontant son histoire à celle de Mina – une amie à elle sollicitée par Spleen sur la base d’un projet “artistique” similaire – les deux jeunes femmes constatent que le processus qui a conduit à leur viol présumé est strictement identique.
Main courante
Au commissariat pour porter plainte, Rose et Mina n’auraient pu déposer qu’une main courante, la police prétextant qu’il s’agissait là d’une affaire de parole contre parole. Main courante qui aurait disparu des fichiers. Après avoir tenté vainement de convaincre le musicien de ne pas utiliser les vidéos, Spleen aurait lancé contre elle une campagne de harcèlement et d’intimidation.
L’enquête de NEON se poursuit ainsi avec les témoignages d’Amélie et Marie, relatant ainsi des procédés d’intimidation similaires. Et la complexité, pour toutes, de porter ces affaires en justice, face à une police réticente à ouvrir de dossiers de plainte. Les journalistes vont encore plus loin, en recueillant les récits de plusieurs femmes datant d’avant cette période, jusqu’en 2009.
D’après NEON, Spleen, par l’entremise de ses avocats, a démenti ces allégations.
L’enquête de NEON est à lire ici.
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