La jeune Française Dorothée, alias The Rodeo, est remontée aux sources de la musique américaine. Et en est redescendue pompette.
Pique et pique et anagramme : derrière The Rodeo se cache Dorothée, dont la frange sage et le regard espiègle disent tout haut que la discipline n’a pas été une de ses matières premières à l’école. “Enfant, j’ai découvert un trésor dans le grenier de mon oncle”, dit-elle d’une trouvaille autrement plus exaltante que la clé des champs ou une lampe à génie : une guitare sèche qui contient les deux.
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Car c’est alors tout un monde qui s’est révélé à la jeune Parisienne, un monde parfaitement adapté à des goûts dissipés, virevoltants, insatiables : il lui faut alors tout connaître, en lecture accélérée jusqu’au vertigineux, de l’histoire de la musique, surtout américaine – on ne choisit pas impunément un nom aussi chargé en imageries d’Epinalsur- Mississippi.
Au cours de ces voyages virtuels, rêveurs, vers le Deep South, The Rodeo a fatalement fini par rencontrer d’autres filles de son âge (Regina Spektor, Soko, Joanna Newsom…), chacune à sa façon, interprété ces tables de la loi américaines : chez The Rodeo, excentrique par trouille chronique du surplace et de la routine, la guitare sèche a depuis longtemps abandonné le droit chemin de l’americana aride, s’offrant même de délicieuses reprises de tubes aussi éloignés que le Do You Really Want to Hurt Me de Culture Club ou le Amazing de Kanye West.
Le Music Maelström, c’est ça : une culture décousue comme un froc de clochard céleste, une tornade qui envoie valser les étiquettes et les niches. Car même si d’obédience folk (une guitare, une âme, des chants recueillis), ce premier album est un vrai sac à malices, où la pop la plus souriante vient donner un coup de main aux refrains quand l’austérité tente de pointer sa mine grise, et où les torch-songs rutilantes (Modern Life) viennent bâtir des palais hantés en plein milieu des prairies.
Rarement, dans le folk, avait-on d’ailleurs entendu une voix chanter à ce point avec le sourire aux lèvres : pas d’ironie, pas de deuxième degré, juste la félicité, au coin d’un violon de saloon, d’une slide-guitar lynchienne ou d’une chorale torchée, de raconter de belles histoires à fantasmer debout.
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