Touche-à-tout. A Nice, pour un concert unique et avec Ry Cooder, Jon Hassell fera face à son oeuvre samplée par deux DJ’s.Jon Hassell Voyageur infatigable, Jon Hassell repousse les limites de son instrument, la trompette, et collabore avec la fine fleur des compositeurs d’aujourd’hui. Né à Memphis, comme Presley (gamin, il passe en première partie […]
Touche-à-tout. A Nice, pour un concert unique et avec Ry Cooder, Jon Hassell fera face à son oeuvre samplée par deux DJ’s.Jon Hassell
Voyageur infatigable, Jon Hassell repousse les limites de son instrument, la trompette, et collabore avec la fine fleur des compositeurs d’aujourd’hui. Né à Memphis, comme Presley (gamin, il passe en première partie du King avec son groupe de rockabilly !), on le découvre à la fin des années 60 jouant aux côtés des premiers minimalistes américains, dans In C de Terry Riley et Dream house de La Monte Young deux partitions mémorables tournées vers un temps musical extra-occidental, qui modifiaient notre perception sonore en bouleversant les principes d’écriture de l’époque.
Il a gardé de son séjour en Allemagne à suivre les cours d’électronique de Karlheinz Stockhausen (en compagnie de deux futurs membres de Can, Holger Czukay et Irmin Schmidt) et de son passage au Studio de phonologie de Milan un goût inspiré pour l’expérimentation. Hassell bricole la bande magnétique, ajoute une partie électronique à sa trompette, comme pour le piano de Debussy dans La Cathédrale engloutie et Brouillards, semble mouiller les sons de son instrument et estomper peu à peu les contours de la mélodie. Sa trompette devient l’instrument du mouvant et de la note fugitive ; elle miroite, apparaît sans qu’on puisse en saisir la source et s’étire dans un souffle infini. Ce traitement si particulier de l’instrument a pour origine l’art vocal de Pran Nath, maître indien du raga qui obtient des modulations complexes à partir d’un chant continu, basé sur une technique de souffle circulaire.
En 1978, son premier disque, Vernal equinox, témoigne de ce style évocateur, aux frontières troubles et indécises : Hassell déambule dans un monde totalement imaginaire, sans repères géographiques, ballotté par le bruit de l’océan ou emporté par le cri d’un oiseau ; blotti dans le rythme savant de petites percussions en boucle (est-ce l’Amérique du Sud, l’Afrique ou l’Extrême-Orient ?), le chant de son instrument s’élève, sinueux et imperturbable. Depuis, Hassell a autant influencé les musiciens avec lesquels il a joué qu’il s’en est inspiré pour les dix disques enregistrés sous son nom, de Vernal equinox à Dressing for pleasure (1994) : on l’a vu avec les Talking Heads (Remain in light), David Sylvian (Brilliant trees ; Alchemy), Farafina (Flash of the spirit), Lloyd Cole (Mainstream), Hector Zazou (Les Nouvelles polyphonies corses), David Toop (Pink noir), Peter Gabriel (Birdy ; Passion), bien sûr Brian Eno, avec lequel il a réalisé plusieurs disques dont les superbes Possible musics et Dream theory in Malaya, et récemment avec Seal (Unplugged sur MTV) et kd lang (Drag). Artiste protéiforme, il a composé pour le Kronos Quartet (Pano da Costa), pour le théâtre de Peter Sellars (Zangezi) et il est apparu en 1992 au milieu d’une centaine de musiciens traditionnels marocains, lors de l’exposition universelle de Séville. Invité d’honneur des Manca, à Nice, Hassell a concocté un nouveau programme, confronté à un duo de DJ’s qui ont samplé l’intégralité de son répertoire passé. Un guitariste, et non des moindres, sera également sur la scène : Ry Cooder, avec lequel Hassell a cosigné la musique du film Trespass et celle du dernier Wenders, The End of violence.
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