Fondé autour de Rachel Grimes par deux anciens musiciens rock, Rachel’s rend hommage à Egon Schiele. Classique Il y a moins d’un an, Handwriting introduisit les Rachel’s comme une bête curieuse du rock alternatif américain. Du rock, il ne subsistait dès lors que de vagues traces dans le cursus de quelques-uns des quinze musiciens convoqués […]
Fondé autour de Rachel Grimes par deux anciens musiciens rock, Rachel’s rend hommage à Egon Schiele.
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Classique Il y a moins d’un an, Handwriting introduisit les Rachel’s comme une bête curieuse du rock alternatif américain. Du rock, il ne subsistait dès lors que de vagues traces dans le cursus de quelques-uns des quinze musiciens convoqués autour de la pianiste Rachel Grimes. Alternatif, cet ensemble classico-jazz contemporain, issu de la scène de Louisville sorte de Seattle érudit où même le hardcore prend des allures de combat d’esthètes , le resta dans l’esprit pochettes faites à la main, confidentialité précieusement entretenue. La lettre, quant à elle, était expédiée ailleurs, à l’attention des musiques sérieuses auxquelles le rock s’est habitué depuis des années à faire du pied sans jamais obtenir le moindre regard en retour. Avec ce second opus, enregistré pour le compte d’un ballet consacré au peintre viennois Egon Schiele (1890-1918), les Rachel’s s’éloignent un peu plus de leur base américaine pour tenter de s’immerger totalement au cœur de cette vieille Europe qui les obsède. L’épiderme mortuaire qui, chez Egon Schiele, nimbe les corps décharnés et pâles de filles dont la joie est en berne, ces anatomies atrophiées par l’absinthe et la syphilis induisent forcément un imaginaire limité au huis clos de la musique de chambre. Réduit au strict nécessaire d’un trio piano, alto, violoncelle , le propos postmoderne des Rachel’s aura ici gagné en densité organique autant qu’il a perdu en cosmétique opportuniste. Plus rien ne rappelle cette fois les associations douteuses d’un Michael Nyman le classique accommodé au goût du jour et des salons Ikea , et la chambre dont ils convoitent le solide mobilier et les fines tentures porte l’illustre mémoire de Chostakovitch, celui des magnifiques concertos pour violon ou sonates pour violoncelle et piano auxquels ces douze pièces renvoient un possible écho. Eloges de la lenteur, des grouillements souterrains, d’un romantisme résigné qui fut celui d’Egon Schiele, ces tableaux noirs d’une exposition fuient toute tentation démonstrative, balayent en diagonales fluides au lieu d’épouser au cahot près la trame narrative la vie du peintre et de ses modèles-amantes et affirment plus précisément l’identité singulière des Rachel’s.
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