Avec autant de panache que d’humilité, le songwriter américain présente un concept-album somptueux autour de la religion.
Ancien membre de Woods et des Babies, Kevin Morby s’est émancipé en 2013 sur un remarquable premier album solo, Harlem River. Depuis, cette échappée solitaire est devenue son activité principale. Ce parcours rappelle forcément celui de Kurt Vile (qui, lui, a débuté chez The War on Drugs), et on note d’ailleurs plus d’un point commun entre ces deux passionnants songwriters américains : une voix traînante, des mélodies impressionnantes, une facilité à maîtriser beaucoup d’instruments, ou encore un talent pour signer des morceaux instantanément familiers.
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C’est le cas d’Oh My God, le cinquième chapitre discographique de Kevin Morby. On a ici affaire à un format plantureux : quatorze chansons au total, mais le résultat n’est pas pour autant indigeste. Plusieurs plages ne durent qu’une ou deux minutes et l’ambiance aérienne laisse une impression de légèreté étonnante, grâce aux silences qui résonnent en toute liberté. « J’ai commencé à travailler sur ce disque en 2017”, raconte-t-il.
On pense à Lou Reed, Dylan ou Leonard Cohen
“Je me suis fixé un rythme où je sors chacun de mes albums un ou deux ans après les avoir enregistrés. J’aime bien prendre mon temps pour réfléchir aux pochettes, continuer à faire des tournées en parallèle… J’avais une idée très claire de ce que je souhaitais faire, mais c’est un peu difficile à expliquer. Je voulais qu’une vision très précise devienne un album, avec l’aide de mon ami producteur Sam Cohen et en mettant des sons et des paroles qu’on n’avait pas encore utilisés avant. Il fallait que le résultat ait une cohésion forte et je crois que nous y sommes arrivés.”
L’expression du titre revient souvent tout au long de cette promenade contemplative, prenant tour à tour différentes significations : la surprise, l’indignation, le désespoir, la prière aussi. Car ce Texan élevé au Kansas ne s’en cache pas : il a écrit un concept-album autour du thème de la religion. Un pari risqué mais réussi. Pour les chœurs gospel féminins mêlés à des guitares électriques ou à un sobre piano, on pense parfois à Spiritualized.
Pour le débit à la limite du spoken word et pour ce songwriting classique, digne de ses héros personnels, on pense aussi à Bob Dylan, Lou Reed ou Leonard Cohen. Entre sobriété formelle et richesse instrumentale, entre introspection et désir de communier avec le monde entier, cet album provoque des “oh my God” de béatitude.
Oh My God (Dead Oceans/PIAS)
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