La vie de Ian Dury n’aurait pas déparé dans un bouquin de Dickens : une jeunesse grillée par la polio, une adolescence dépensée dans les magasins de Londres à la recherche des disques de Gene Vincent et des années 60 passées derrière un pupitre de prof en art à l’université de Canterbury. Sa carrière de […]
La vie de Ian Dury n’aurait pas déparé dans un bouquin de Dickens : une jeunesse grillée par la polio, une adolescence dépensée dans les magasins de Londres à la recherche des disques de Gene Vincent et des années 60 passées derrière un pupitre de prof en art à l’université de Canterbury. Sa carrière de musicien, Ian Dury ne la verra naître qu’au début de la décennie suivante, dans les pubs anglais dont il terrorisait les comptoirs en survoltant les standards de rhythm’n’blues avec son groupe d’alors, Kilburn And The High Roads. Il attendra 1977 et une signature miraculeuse sur Stiff Records pour connaître ses heures de gloire flanqué des Blockheads avec trois albums dont l’inépuisable New boots and panties. A l’époque (il avait déjà une bonne trentaine), Ian Dury brillait par son décalage horaire musical, s’amusait avec cynisme de la mode punk et servait des hymnes rock d’un autre âge maquillés aux épingles à nourrice et au look destroy (Sex and drugs and rock’n’roll ou Wake up and make love with me). Plus de quinze années ont passé depuis, l’époque boudant doucement une poignée d’albums récompensés par un seul succès d’estime. Il y a fort à craindre que ce Mr love pants connaisse le même destin. Non pas que Dury y soit méconnaissable : son humour est intact et bon nombre de prétendus comiques trouveraient leur bonheur dans ses chansons (Bed O’roses, Mash it up harry) où la moquerie est servie froide au fil de couplets plus parlés que chantés, entortillés autour de sa voix lascive, gainée de velours mâle (Huey des Fun Lovin’ Criminals ou Shaun Ryder des Happy Mondays y ont puisé plus d’une recette). A cappella, ou à peine soutenu par un beat hip-hop, Ian Dury serait même un des meilleurs rappers du monde. Son problème, c’est les Blockheads, ses musiciens, qui supportent moins bien le poids des ans. Avec l’âge, les fidèles amis de Dury se sont tassés dans le fauteuil tout confort des habitudes, croient encore que le rhythm’n’blues ballochard gavé au sirop FM peut faire illusion, qu’un cuivre brille toujours lorsqu’on le rhabille avec des arrangements en simili-chrome et qu’une bonne vieille rythmique groove à la guitare façon Doobie Brothers peut encore affoler des guiboles. La fidélité de Dury à ses amis accompagnateurs méritait une tout autre récompense.
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