Une chose frappait (littéralement) dès Young Team, le très mal nommé premier album de Mogwai : le décalage absolu entre l’apparence visuelle du groupe, jeunes branleurs écossais bas du front, fans de foot et de bière, et les extraordinaires paysages mentaux qu’imprimait leur musique. Visions de sages millénaires ayant tout vu, tout ressenti, tout entendu […]
Une chose frappait (littéralement) dès Young Team, le très mal nommé premier album de Mogwai : le décalage absolu entre l’apparence visuelle du groupe, jeunes branleurs écossais bas du front, fans de foot et de bière, et les extraordinaires paysages mentaux qu’imprimait leur musique. Visions de sages millénaires ayant tout vu, tout ressenti, tout entendu ; du doux sifflement des corps célestes glissant dans leur expansion infinie au craquement dantesque des continents arrachés à leur unicité, du son lumineux de la vie en formation aux gouffres noirs de son brutal anéantissement.
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Dix ans ont passé, les fronts se sont dégarnis et les ventres arrondis. Dix ans et un léger affadissement, discret mais constant, avec quelques grands coups de génie enrobés d’un remplissage de formule toutes faites ? dont rêveraient certes nombre de groupes, mais pas à la hauteur de ces démiurges. Puis arrive ce cinquième Mr Beast, et Mr Beast est la résurrection. Le groupe s’est recentré sur ses basiques, a pris le temps d’enluminer ses épiphanies mélodiques et de polir ses contrastes (le piano aérien et le martèlement inquiétant d’Auto Rock, la saisissante progression de Friend of the Night, la tristesse abyssale de I Chose Horses) ; il a aussi trouvé la force d’aiguiser sa rage sanguine (Glasgow Mega-Snake ou We re No Here, terrifiants ouragans, la violence émotive et montante de Travel Is Dangerous).
Mr Beast est le plus grandiose, le plus abouti, le plus également terrassant des albums du groupe. Il rassurera les zélateurs, fera revenir les infidèles et attirera, espérons-le, quelques nouveaux croyants.
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