En guise de Mount Everest, les Diggers ne conquièrent qu’une place d’honneur sur le podium de la nostalgie. Bonne nouvelle pour les maniaques du classement, les Hercule Poirot de la filature pop, les incorrigibles trainspotters du rock : Mount Everest, le premier album des Diggers, garantit de nombreuses heures de plaisir fétichiste entre historiens nostalgiques. […]
En guise de Mount Everest, les Diggers ne conquièrent qu’une place d’honneur sur le podium de la nostalgie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Bonne nouvelle pour les maniaques du classement, les Hercule Poirot de la filature pop, les incorrigibles trainspotters du rock : Mount Everest, le premier album des Diggers, garantit de nombreuses heures de plaisir fétichiste entre historiens nostalgiques. Les encyclopédies vivantes, qui ne perdent jamais une occasion d’épater la galerie, s’amuseront sans fin à identifier ce motif de guitare millésimé 1966, cette mélodie entendue mille fois chez les Kinks, les Beatles, les Beach Boys, les Byrds, les Zombies et tous leurs descendants , à comparer ces jolies voix de collégiens en goguette avec celles de leurs nobles aînés sixties. Ils se lasseront pourtant rapidement du travail soigné de ces nouvelles têtes révérencieuses. « Pourquoi s’encombrer de tels contrefacteurs lorsqu’on peut remonter à la source ? », tranchera finalement l’un des experts avant de se replonger dans une introuvable biographie italienne de Roger McGuinn. Dans un monde idéal, il faudrait pourtant se couper de toute référence, de tout repère temporel, avant de se plonger dans les douze chansons de Mount Everest. Les historiens ont raison : les Diggers n’ont rien inventé. Mais les historiens ont tort : les Diggers n’en sont pas pour autant indignes d’intérêt. Bien sûr que leur plaisant Circles a déjà été chanté des dizaines de fois, que les montages harmoniques en cours sur Peace of mind ou OK alright figurent depuis des lustres au palmarès des idées les plus réchauffées de la cuisine pop la pop-otte ? , que même Teenage Fanclub, Ocean Colour Scene ou Cast feraient figure de dangereux collectifs avant-gardistes à côté de ces gardiens de musée. N’empêche qu’on traversera cet involontaire best-of des années Rickenbaker comme on revisionne pour la dixième fois un Don Camillo, un peu fâchés de se laisser berner par les mêmes combines éternelles, mais un indéboulonnable sourire accroché à la face. Volontairement chargé en images cheveux longs, cols fourrure et chelsea boots , le scénario proposé par les Diggers pourrait donner corps à un That thing you do! réussi, évocation pas sérieuse d’une époque qui n’en finit pas de se régénérer. Et même si le monde du rock n’a jamais eu autant besoin des ruades fin de siècle de Prodigy, il serait bien inspiré de garder une petite place au soleil pour ses serviteurs les plus dévots, tout acquis à sa cause.
{"type":"Banniere-Basse"}