De Carl Craig aux excellentes compilations Future sound of jazz, la fascination pour le jazz de la nouvelle génération de musiciens électroniques a toujours été latente. Pourtant, rares ont été les tentatives vraiment réussies de marier machines et note bleue. Souvent, ce genre d’union forcée sonne par trop scolaire et rigide, même si en France […]
De Carl Craig aux excellentes compilations Future sound of jazz, la fascination pour le jazz de la nouvelle génération de musiciens électroniques a toujours été latente. Pourtant, rares ont été les tentatives vraiment réussies de marier machines et note bleue. Souvent, ce genre d’union forcée sonne par trop scolaire et rigide, même si en France on connaît des maîtres de home-studio qui ont réussi à s’improviser chefs de big-band comme Frédéric Galliano ou le pourtant solitaire Joakim Lone Octet. Loin de l’excentricité de mise normalement sur Ninja Tune, The Cinematic Orchestra cède également à cette tentation : loin de l’abstract hip-hop ou de la jungle habituels de la maison, le terrain de jeu est délimité au jazz pur, sans aucune tentation moderniste ni fusion hasardeuse. Si ce sextette nouvelle formule compte parmi ses membres
un bassiste, un batteur, un pianiste ou un saxophoniste, c’est pourtant bien J. Swinscoe, avec son sampler, qui organise et agence tout, en vrai chef d’orchestre, réussissant la performance de s’effacer derrière les instruments, laissant ainsi dans l’ombre son sampler pour mettre davantage sous le feu des projecteurs ses compagnons de route. Cette démarche altruiste tient en grande partie ses engagements : pourtant recomposée en laboratoire, la musique de Motion ne sonne absolument pas comme le résultat d’une fécondation in vitro. Au contraire, règne ici une grande liberté acoustique qui laisse beaucoup d’espace à chaque musicien et donne à l’entreprise un indéniable caractère live. Discret, Swinscoe introduit seulement quelques voix fantomatiques, gardant tout au long de l’album ce parti pris du collectif. La plupart des titres comme le long mais jamais rabat-joie Night of the iguana adoptent d’ailleurs le canevas habituel des morceaux de jazz avec un thème exposé puis repris, avec une vraie envie de jeu et de poursuites. Plus proche du Love supreme de Coltrane que des voisins de Funki Porcini, Motion est un disque transversal il peut se sentir à l’aise dans plusieurs bacs et érudit, mais jamais hautain. La virtuosité réelle des intervenants est loin d’être emphatique, la démarche reste humble et l’on pourra se réfugier avec bonheur dans le spleen chaleureux de And relax! ou Channel 1 suite sans éprouver un quelconque sentiment de vacuité.
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