Morrissey a soigné son retour au Zénith le 22 novembre au soir, en alignant avec justesse les titres de son dernier album, You are the Quarry, et quelques belles reprises des Smiths. Compte-rendu.
En 2004, Morrissey aura fêté à sa manière le vingtième anniversaire de la sortie du premier album des Smiths : après des années sombres où il se contentait de soliloquer et de chercher une maison de disque compréhensive, le revoilà revenu en pleine lumière grâce à un album solo abouti (You are the Quarry). Le grand Moz redevient soudainement un interlocuteur crédible pour la presse, une référence respectée par les jeunes groupes et un artiste qui se vend bien, avec un disque qui s’écoule à plus d’un million d’exemplaires. S’ensuit donc une tournée mondiale qui, jusqu’à présent, avait étrangement évité la France, puisque Morrissey avait finalement décliné sa venue au festival Rock en Seine au mois d’août dernier. L’ex-chanteur des Smiths a réparé cette injustice en investissant lundi 22 novembre le Zénith, où il avait enregistré avec brio son live Beethoven was deaf en 1992.
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En douze ans, Morrissey n’a rien perdu de son charisme sur scène, mais son répertoire a radicalement changé, puisque qu’il ne chante désormais pratiquement que des titres issus de son dernier album ou, divine surprise, des chansons des Smiths. Ainsi, un peu à l’image de New Order qui a fini par accepter l’idée de jouer des titres de Joy Divison, Morrissey ne semble plus réticent à interpréter des morceaux de son ancien groupe, ce qui est paradoxalement la preuve que sa carrière solo a atteint une certaine plénitude.
La soirée a débuté par une prestation un peu brouillonne du dénommé James Maker, dans la grande tradition des groupes obscurs que Morrissey place en première partie comme autant de faire-valoir. À 21 heures 15 les lumières s’éteignent et le public se réveille. Une musique grandiloquente se fait entendre, avant que ne s’illumine derrière la scène le nom de Morrissey en lettres majuscules. Le Mancunien fait alors son entrée en scène, dans un costume sobre et élégant tandis que le reste du groupe n’a pas forcément fière allure en kilt et T-shirt blanc’On se demande parfois si Morrissey vit bien dans le même monde que ses acolytes.
Les premières notes glacent d’émotion une partie de l’assemblée, qui reconnaît le rythme hypnotique d’How soon is now ?. La voix de Morrissey ne faillit pas et on frissonne de l’entendre nous chanter les paroles bouleversantes de ce titre majeur des Smiths. Avant que l’audience n’ait eu le temps de recouvrer ses esprits, le groupe enchaîne avec une version sémillante du récent single First of the gang to die, puis avec November spawned a monster (qui illustre assez bien ce que pense Morrissey des récentes élections américaines).
En une heure et demie de concert, la voix du Moz ne sera jamais prise en défaut, s’imposant avec grâce, même lorsque son groupe n’arrive pas vraiment à suivre la cadence imposée par son leader. Qu’importe, car la soirée sera illuminée par les cinq reprises réussies des Smiths, dont l’incendiaire Bigmouth strikes again, l’intimiste Last night I dreamt that somebody loved me et Rubber Ring, dont les paroles constituent pour les fans un véritable bréviaire : « don’t forget the songs that made you cry and the songs that saved your life ».
Les titres du répertoire solo de Morrissey suscitent forcément moins de ferveur, même si des morceaux comme Irish blood, English heart et surtout How can anybody possibly know how I feel ? se révèlent diablement efficaces en concert. Sur scène, le Moz cabotine, interroge le public, évoque avec gravité Sacha Distel, avant de s’agenouiller lascivement pendant le refrain de Everyday is like Sunday. Le rappel sera unique et attendu : There is a light that never goes out. Le groupe va continuer à jouer le thème de cette chanson sublime longtemps après que le chanteur s’est éclipsé. Espérons que Morrissey n’attende pas douze ans avant de revenir sur la scène du Zénith.
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