Chaque nouvel album des Fleshtones apporte son lot de spéculations récurrentes. En gros, à chaque fois la même question : quelle est l’amplitude du fossé qualitatif qui sépare la livraison inédite de l’étalon Roman gods ? Un brin réducteur et barbant, le jeu tourne toujours en défaveur du plat du jour. Même lorsqu’il s’agit d’un […]
Chaque nouvel album des Fleshtones apporte son lot de spéculations récurrentes. En gros, à chaque fois la même question : quelle est l’amplitude du fossé qualitatif qui sépare la livraison inédite de l’étalon Roman gods ? Un brin réducteur et barbant, le jeu tourne toujours en défaveur du plat du jour. Même lorsqu’il s’agit d’un honorable Vs reality ou du précédent Laboratory of sound, sorte de prémices d’une résurrection pétillante orchestrée par un Steve Albini en contre-emploi. More than skin deep n’échappera pas aux comparaisons claniques. Chacun y cherchera le nez de l’oncle Edouard ou le profil de papa Hexbreaker, mais personne ne pourra douter cette fois de la légitimité de la progéniture. Car les Fleshtones ont misé pour le coup sur le naturel et la simplicité, sur le seul désir du moment. Comme s’ils s’étaient enfin débarrassés de l’ombrelle pesante de leur passé, les voici prêts à affronter présent et futur. En une quinzaine de chansons empreintes d’un psychédélisme bourru et têtu, ils redéfinissent les bases de leur griffe, en récurent dix ans de tartre, pour ne garder qu’une moelle succincte mais d’une redoutable efficacité. A la surexposition lysergique et hasardeuse, ils préfèrent désormais la rugosité d’un rock’n’roll new-yorkais pure souche. Le chant de Peter Zaremba ressemble de plus en plus à celui de David Johansen (époque New York Dolls) et le guitariste Keith Streng se redécouvre une passion pour Keith Richards, voire Johnny Thunders ou Bo Diddley.
Evidemment, les sixties ne sont jamais très loin, mais on leur demande aujourd’hui de se tenir à carreau, d’oublier leurs courbatures pour remonter sur les planches plutôt celles d’un ring que d’un dance-floor. Directs, courts, Smash crash, God damn it et quasiment tous les autres titres charrient une énergie joviale et communicative propre à balayer nos derniers doutes sédimentés. Curieusement, à l’instar des Cramps, c’est chez Epitaph (le label d’Offspring ou Rancid) que les Fleshtones trouvent pour l’heure un refuge et quelques jerricans de combustible pour valider un nouveau départ. Sur les bases de cette promiscuité ado destroy, ils font table rase des tics accumulés et pour un peu créditeraient l’hypothèse d’une seconde jeunesse. De fait, More than skin deep se rapproche à quelques encablures de Roman gods, autant dire du pinacle.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}