More Music from 8 Mile

La stéréo permet parfois d’y voir plus clair C’est en tout cas ce que l’on peut dire de cet album nous replongeant dans l’atmosphère de 8 Mile avec plus d’acuité que la première BO. Car, ici, les morceaux sélectionnés datent tous du milieu des années 90 (entre 1993 et 1995), époque évoquée par le film, fausse biographie d’Eminem : douze raps purs et durs sélectionnés par Marshall Mathers en personne, nouvelles clés de son univers. Première surprise : aucune trace de la famille adoptive du blanc-bec’ Pourtant, en 1995, Dr. Dre illuminait les soirées avec son Keep Their Heads Ringin’ (sur la BO de Friday), alors que son protégé Snoop Dog s’imposait définitivement avec un Murder Was the Case rallongé dans un mégaclip pensé comme le pendant rap du Thriller de Michael Jackson’

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Mais Eminem ne cherche pas à brouiller les cartes : c’est plutôt logiquement qu’il privilégie la Côte Est. Detroit, ville natale du Shady et véritable « actrice » du film, est plus proche de la grisaille new-yorkaise que des palmiers de Californie. Les paroles cinglantes et les sombres larmes de piano des vétérans Mobb Deep, ouvrant et refermant le disque à travers deux chefs d’œuvre (Shooks Ones Pt. II et, surtout, Survival of the Fittest), sont bien à la base des sonorités sourdes d’Eminem Pour le reste, excepté les références « obligées » (Notorious B.I.G. d’un côté, 2Pac de l’autre) et quelques perles nostalgiques (Naughty By Nature, Outkast ou le Runnin’ de The Pharcyde, parfaitement utilisé dans le film), c’est le Wu-Tang qui marque des points avec pas moins de quatre morceaux : Method Man par deux fois, le Shimmy d’Ol’ Dirty Bastard et la fratrie au complet sur l’immense C.R.E.A.M. Malgré Dre, le cœur de Mathers a un fort penchant pour la Grosse Pomme.