Apocalyptique et inquiétant, le rock atmosphérique de Sunn O))) s’écoute très, très fort.
« Le volume maximal offre des résultats optimaux”, indique une note qui accompagne le nouveau disque de Sunn O))) : la précision est d’importance, tant la musique du duo formé il y a dix ans par Stephen O’Malley et Greg Anderson n’a jamais apprécié la demi-mesure, le consensus mou. A bas volume, les longues dérives saturées qui bourdonnent dans vos oreilles (“drone”, en anglais) semblent vaines.
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Mais passée un certain stade (le moment où vos enceintes se mettent littéralement à trembler), cette musique sans rythmes ni mélodies prend soudain un tout autre sens. Pendant longtemps, un concert de Sunn O))) a été de loin la meilleure façon d’appréhender tout cela : habillés de robes de bure, seulement éclairés par quelques chandeliers, les membres du groupe poussaient leurs amplis dans des retranchements paroxystiques.
A mi-chemin entre la torture physique et l’exaltation sonique, le spectateur pouvait goûter là à un sentiment devenu bien rare dans le rock d’aujourd’hui : le danger. Le septième album du duo marque pourtant une évolution notable. En réunissant autour de lui un casting aussi bigarré que cohérent venant du black-metal (Attila Csihar au “chant”) comme du jazz (Julian Priester), du rock déviant (Dylan Carlson, fondateur de Earth) ou de l’avant-garde (Eyvind Kang, Oren Ambarchi…), Sunn O))) signe quatre longs morceaux à l’ouverture d’esprit nouvelle mais à la forme toujours aussi abrasive.
Le claustrophobe Aghartha, en ouverture, montre ainsi quels niveaux d’intensité Sunn O))) peut atteindre : le magma de saturation, sur lequel viennent peu à peu se rajouter des cordes épileptiques et la voix caverneuse d’Attila, est la chose la plus effrayante entendue depuis bien longtemps. Le diptyque formé par Big Church et Hunting & Gathering continue dans la même veine, entre choeurs grégoriens et section de cuivres épique.
Le poil hérissé, le souffle coupé, on reçoit le finale cinématographique, sobrement intitulé Alice, comme une bénédiction : pendant un long quart d’heure étrangement calme, Sunn O))) montre une nouvelle facette enthousiasmante de sa personnalité. La messe (noire) est dite, désormais plus rien ne sera vraiment comme avant.
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