Les Québécois Monogrenade tournent actuellement en France, et ils sont inratables : leur immense premier album plaira autant aux fans de Radiohead qu’à ceux de Dominique A. Présentations et écoute.
Le premier contact – on en parle la tête secouée et les repères brouillés comme s’il s’agissait d’une rencontre du troisième type – date de novembre 2010. On voyait Monogrenade sur scène pour la première fois, dans le cadre du festival M pour Montréal. On s’émerveillait déjà des dentelles pop alambiquées, des cimes et abysses des quatre Québécois menés par Jean-Michel Pigeon, songwriter en chef rejoint après un premier maxi (La Saveur des fruits) par Marianne Houle, François Lessard et Mathieu Collette.
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Le second contact, lors des Bars en Trans en novembre dernier, fut si frappant qu’on se demande si on ne l’a pas tout simplement fantasmé. En grande maîtrise, flamboyant, densifié et alors enluminé par deux violonistes, Monogrenade ne touchait alors pas une corde sensible mais les frappait toutes à la fois. Une harpe des émotions fortes, une forme de groupe idéal qui n’alignait que de grands morceaux, à géométrie et météorologie très variables.
On pensait immédiatement à un croisement, neuf et excitant, entre le folktronica ludique des Anglais Tunng et les pluies de cordes romantiques des Tindersticks, entre les mélodies atmosphériques d’un Radiohead pré-In Rainbows et la poésie douce-amère de Dominique A, entre Yann Tiersen et Godspeed You! Black Emperor.
“Le son du groupe, explique Jean-Michel Pigeon, on l’a collectivement trouvé quand on est entré en studio pour notre premier album, Tantale. On l’a enregistré loin de Montréal, dans un chalet qu’on avait choisi pour des raisons précises – notamment parce qu’il y avait une piscine intérieure, un truc génial pour la réverbération. Il se trouve à Piedmont, dans les bois ; je me souviens m’être levé un matin, il y avait un cerf dans la cour… L’idée était de pouvoir maîtriser notre temps : on enregistrait quand on voulait, parfois le matin, parfois le soir, on dormait quand on était fatigués, sans pression. On y est resté sept semaines, en automne : ça nous a laissé du temps pour essayer pas mal de choses.”
Ils y ont, en tout cas, trouvé une alchimie, unique et magnifique. Un envoûtement, supplice à l’envers : pas une journée depuis sa découverte ne passe sans que l’on s’abreuve aux beautés changeantes, noires ou bleues, soyeuses ou sanguines, organiques et électroniques, tempétueuses ou caressantes, au spleen terrassant de l’impressionniste Tantale, des bouleversantes et complexes Ce soir, La Marge, L’Araignée, D’un autre oeil, M’en aller ou La Fissure. Le groupe tourne actuellement en France : vous allez, ces prochains jours, ces prochains mois, beaucoup écouter Monogrenade.
Album : Tantale (Bonsound/Atmosphériques)
Concerts : le 20 avril à Hyères, le 21 à Nyons, le 24 à Paris (Divan du Monde), le 27 à Tourcoing, le 2 mai à Angers, le 3 à Bordeaux
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