De la composition d’une bande originale, l’activiste majeur de l’electro française a fait naître un magnifique album : du grand cinéma pour l’oreille, ardemment contemplatif et éminemment suggestif.
Piloté en solo par Paul Régimbeau, Mondkopf gravite dans la galaxie électronique depuis le milieu des années 2000. Membre en parallèle de diverses formations (notamment Oiseaux-Tempête et Foudre!), le trentenaire ne cesse d’élargir son champ d’investigation musicale. Avec Mondkopf, qui reste son projet principal, il explore un dense territoire sonore, situé quelque part entre ambient, drone et techno – parfois même balafré par le metal extrême.
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Dans le prolongement direct de son enregistrement précédent (They Fall But You Don’t, 2017), How Deep Is Our Love ? confirme l’orientation vers une musique atmosphérique de (très) haute intensité.
Des sirènes comme muses
A l’origine de ce nouveau disque, il y a Le Silence des sirènes, court métrage de la jeune cinéaste roumaine Diana Vidrascu. Actuellement dans le circuit des festivals (il est notamment passé par la Berlinale), le film adapte très librement un bref récit de Kafka inspiré par les sirènes d’Homère. Diana Vidrascu, qui vit à Paris, a choisi Mondkopf pour en composer la musique. “Diana m’a contacté car elle aimait beaucoup They Fall But You Don’t et trouvait que ce genre de musique collerait bien avec l’univers du film qu’elle préparait”, raconte Paul Régimbeau.
“Elle m’a envoyé le scénario, sans autre indication. J’ai commencé à composer de la musique sur la base du scénario. Au fur et à mesure du tournage, elle m’a envoyé des rushes. Il s’agissait, par exemple, de très longs plans de paysages, sans montage. J’avais aussi vu ses deux premiers courts métrages, très contemplatifs, avec un traitement original du son et un travail sur la texture de la pellicule. Tout cela me plaisait et m’inspirait bien.”
Intégrée telle quelle dans le film par Diana Vidrascu et déclinée en quatre longues plages, la musique ainsi composée va fournir ensuite la matière à un album de Mondkopf à part entière – dont le titre, How Deep Is Our Love ?, traduit fort bien la profondeur émotionnelle. Conçu avec la même totale liberté de manœuvre par Paul Régimbeau, il est constitué des quatre plages du court métrage, retouchées “afin de fonctionner sans le support du film et de suggérer d’autres images avec la musique”.
Faites de nappes synthétiques et de strates soniques, ces plages vibrantes ruissellent de détails et abreuvent puissamment l’imaginaire. Suivant une impeccable progression dramatique, l’ensemble est tout à fait subjuguant, de Last Day on Earth qui évoque une terre brûlée d’après l’Apocalypse, à Inner Fire qui éveille à feu doux la silhouette d’un phénix renaissant dans l’aube incandescente d’un nouveau matin du monde.
How Deep Is Our Love ? (Hands In The Dark)
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