L’élégance de Gilberto Gil, le klezmer mystique de Yom et le funk New-Orleans de Dr John, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Yom sur le chemin de l’Exode
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L’an dernier, Yom embarquait son monde dans une jouissive et déroutante odyssée electro-érotique aux confins de l’univers (Empire of Love). Prenant un virage à 180°, il nous mène aujourd’hui à travers les silencieuses nudités du désert, sur le chemin de l’Exode mythique. Ce retour à la terre et à la vibration acoustique n’est toutefois qu’un nouvel envol : la clarinette ascétique et dionysiaque de ce musicien qui aspire au divin, mais à la façon charnelle d’un Rabelais, n’avait encore jamais été sujette à de tels tremblements mystiques. Quelque chose de sacré palpite ici, dans ce Silence de l’Exode, premier choc de la rentrée.
Gilberto Gil, une leçon d’élégance
Avoir enregistré des dizaines d’albums, œuvré sans relâche à la modernisation de la musique brésilienne, connu la prison et exercé les fonctions de ministre de la culture sous Lula n’a pas fait oublier à Gilberto Gil sa dette artistique à l’égard de João Gilberto. Dans Gilbertos Samba, il rend un hommage plein de classe à cet ombrageux génie, préférant à ses tubes trop souvent massacrés par des disciples indignes, des chansons plus rares, qu’il restitue avec un plaisir évident.
Dead Combo, comme un film noir
Virée au fond de nuits sans espoir peuplées d’errances solitaires, avec la fatalité pour seule compagne et le cul-de-sac comme unique horizon, A Bunch of Meninos pare son écran noir de sensualités gangsters, de griseries canailles et de violents éclats de sentimentalité fugitive. Le duo de guitaristes lisboètes Dead Combo y révèle un talent magistral pour peindre les bas-fonds de l’âme, l’arrière-cour des déchéances, tout le délicieux harassement des chutes morales. A goûter le 3 octobre, au Petit Bain.
Dr. John et l’esprit d’Armstrong
Si vous avez un jour hanté les bayous de Louisiane, fumé le calumet avec un chef de Mardi gras, partagé la transe de Mama Roux ou tout simplement regardé l’excellente série Treme, sa silhouette emplumée vous est forcément familière. Fier étendard de l’extravagance néo-orléanaise, Dr John a, en 45 ans de sorcellerie, trempé son gumbo à toutes les sauces, jazz, blues, soul et rock. Dans Ske-Dat-De-Dat. The Spirit of Satch, il adresse de tonitruantes libations au Père fondateur Louis Armstrong et invite quelques frères d’armes (Shemekia Copeland, The Dirty Dozen Brass Band, The Blind Boys of Alabama…) à secouer avec vigueur et un sens très carnavalesque du funk son inestimable héritage.
Xavier Desandre Navarre, sorcier du rythme
Avec son tapis de tambours, cloches, gongs et idiophones des cinq continents, In-Pulse rappelle la fabuleuse inventivité de Xavier Desandre Navarre, découverte lorsqu’elle soutenait le cante d’Ines Bacán et plus tard retrouvée alliée à la redoutable technique de Youn Sun Nah. Album de percussionniste, les rythmes bien sûr priment et enfantent les thèmes, mais Desandre Navarre demeure toujours au service des belles inspirations du pianiste Emil Spanyi et du saxophoniste et flûtiste Stéphane Guilaume. A retrouver le 19 septembre, sur la scène du Sunset.
25 ans de Real World
Fondé en 1989 par Peter Gabriel, le label Real World a joué un rôle déterminant dans la diffusion des musiques du monde auprès du grand public occidental. Partisan des échanges entre musiciens issus de traditions hétérogènes, il a notamment permis à des figures aussi majeures que Nusrat Fateh Ali Khan, Estrella Morente et Doudou N’Diaye Rose d’accéder à la renommée internationale. Pour célébrer ce 1/4 de siècle plein de passion et d’innovations, il ne fallait pas moins de 3 albums : Real World 25 réunit dans un fastueux jubilé les stars historiques du label et des signatures plus récentes, comme The Creole Choir of Cuba ou Juju.
http://www.youtube.com/watch?v=SIs1qe5gHOM
Haiti goes latin, Haïti à l’heure cubaine
Dans le cadre des musiques du monde, les compilations, loin d’être de simples produits destinés à engendrer un surplus de profit, servent souvent à réparer les oublis de l’histoire musicale en rendant justice à des courants et artistes méconnus. C’est le cas de Haiti goes latin, album consacré à des orchestres haïtiens qui, entre 1976 et 1984, s’échappèrent du compas pour une salsa parfois chantée en créole et nourrie de jams latin jazz. Quelques uns des artistes ms en avant dans cette compilation, les frères Déjean, Tuco Bouzi ou le Magnum Band, prouvèrent en leur temps qu’ils n’avaient rien à envier aux musiciens porto-ricains de New-York.
L’agenda des concerts
Du 3 au 14 septembre, le festival Jazz à la Villette déroule le tapis rouge à un défilé de stars, Charles Bradley (le 3), l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et Maceo Parker (le 4), Omar Sosa (le 6), Mélanie de Biasio (le 8), Roberto Fonseca et Marc Ribot (le 10), Laura Mvula (le 11), Mulatu Astatke (le 12), Guillaume Perret (le 13) et Archie Shepp (le 14). Du 6 septembre au 14 octobre se tient le Festival d’Ile de France, qui interroge cette année les liens entre musiques et interdits, notamment à travers des concerts de Rancho Aparte (le 7), Kaushiki Chakrabarty (le 13), Lindigo (le 27) et Rachid Taha (le 4 octobre). En dehors de ces deux festivals, il est un concert à ne pas manquer, celui d’Awa Ly, le 12 septembre au Sunset.
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