La transe de Kasai Allstars, le funk bollywoodien de The Bombay Royale et la cumbia explosive de Jaro Milko, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Jaro Milko, de Sofia à la Havane
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Les idées les plus révolutionnaires naissent parfois d’illuminations : tel Saint Paul recevant la révélation sur le chemin de Damas, c’est en allant de Sofia à la Havane que Jaro Milko a vu en flash une cumbia colombienne s’ébattant au son de mélodies balkaniques dégénérées en surf music et pénétrées de rythmes cubains. La combinaison paraissait loufoque, mais à la tête de ses Cubalkanics, le guitariste suisse d’origine tchèque l’a si bien prise au sérieux qu’il lui a consacré un album entier. De fait, Cigarros Explosivos ! n’a rien d’une blague, moite dérive en eau trouble, produit de contrebande empruntant crânement aux cinq continents pour une fiesta résolument hors-la-loi.
Les spirales vocales de Noura Mint Seymali
Né dans la nudité saharienne et les palpitations d’un air en fusion, le chant des griots mauritaniens décrit d’invisibles spirales dans un perpétuel va-et-vient entre deux miroirs impénétrables, la terre lisse et le ciel infini. Dans Tzenni, la voix exceptionnelle de Noura Mint Seymali et la guitare brûlante de son mari Jeiche Ould Chighaly lui font embrasser un rock dur et sensuel porté par des rythmes obsédants jusqu’à l’hypnose. Grâce à ce tressage subtil, Tzenni apparaît comme l’album le plus excitant qui nous soit parvenu du désert africain depuis le Chatma de Tamikrest.
Kasai Allstars, le fétiche et la transe
Beware the Fetish (« gare au fétiche ! ») nous avertit d’emblée l’ensemble congolais Kasai Allstars dans son nouvel album, dédale de rythmes appelant à la transe dans la touffeur des invocations magiques, le bourdonnement des likembés et le tourbillonnement d’esprits pas toujours bienveillants. Le danger est là, qui guette à chacune des pistes de l’album, et avec lui d’invincibles envoûtements sources d’étranges plaisirs, quand la raison s’égare au profit d’une délicieuse sidération.
The Bombay Royale, groove à Bollywood
Un garage rock planté à Bollywood, des cuivres mariachis mariés à un moog 70’s, des effets électroniques piqués à de vieux mangas, le tout secoué de grooves débridés tirés de films d’espionnage, c’est peu dire que The Bombay Royale ne recule devant rien. Mais dans The Island of Dr. Electrico, les Australiens masqués savent aussi jeter un sort à la parodie. Derrière son kitsch outré, le psychédélisme malin de ce disque furieusement funky, complètement barré mais dont on ne peut décrocher, nous en met plein les mirettes.
Söndörgö, hungarian rock
Entreprise familiale (sur cinq membres, on compte trois frères et leur cousin), Söndörgö interprète des airs traditionnels collectés dans un espace s’étendant de l’Europe Centrale (Hongrie) à la péninsule balkanique (Serbie, Croatie et Macédoine). Dans le très énergique Tamburocket Hungarian Fireworks le groupe mise moins sur les hasards de la « modernisation » que sur la vigueur enthousiasmante de son jeu, alliant le vernis de solos virtuoses à la simplicité acoustique de la tambura, luth d’origine turque qui fait ici figure d’instrument-roi.
Moussu T e lei Jovents sur un air d’opérette
Si pour vous l’opérette est synonyme de vaudeville ringard et la chanson marseillaise inséparable d’un anis pagnolesque suranné, ne passez pas à côté d’Opérette de Moussu T e lei Jovents, il vous dépouillera de ces fâcheux a priori et vous remettra les idées en place. Sous l’influence du folk et du blues, l’opérette phocéenne s’y pare des couleurs d’une Nouvelle-Orléans joyeuse et fanfaronne qui devrait vous inciter à cesser de « faire le couillon » la prochaine fois que vous passerez « entre Marseille et Toulon ».
L’agenda des concerts
Pour sa 18e édition, Fiest’A Sète demeure fidèle à son exigence de toujours en accueillant, du 24 juillet au 8 août, Mamani Keita (le 26 juillet), Debademba (le 31), Ester Rada (le 2 août), l’Orquesta Aragon (le 3), Natalia Doco et Plaza Francia (le 5), Niño Josele & Aziz Sahmaoui et Juan Carmona (le 6) et, pour finir, Trilok Gurtu et Susheela Raman (le 8). Les 1er et 2 août, les Escales de Saint-Nazaire envoient aussi une grosse programmation, avec Jupiter & Okwess International, Bootsy Collins, Tinariwen, Meridian Brothers et CongopunQ, puis Keziah Jones, Deltas et Guillaume Perret & Electric Epic. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les organisateurs ont bien fait les choses : ils ont même prévu la pause dîner, à prendre à bonne distance pendant le concert de l’insupportable Ben l’Oncle Soul.
Du 5 au 8 août, le festival Au Fil des Voix se tient à Vaison-la-Romaine, avec les excellents Debademba, Oum et Carmen Souza ainsi que Plaza Francia et le vétéran Johnny Clegg. Du 28 juillet au 17 août, la 37e édition du festival Jazz à Marciac promet également de grands moments, avec les participations d’Ibrahim Maalouf (le 30 juillet), Omar Sosa (le 31), Chano Dominguez et Niño Josele (le 2 août), Roberto Fonseca, Fatoumata Diawara, Mélanie de Biasio (le 4), Harold López-Nussa (le 5), Tigran Hamasyan, Avishaï Cohen (le 10) et Monty Alexander (le 12).
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