Entre décharges soniques et pop sixties, les quatre Rouennais réussissent un premier album qui a su digérer ses influences.
MNNQNS a tout compris à la musique d’aujourd’hui. Doucement, les quatre garçons ont fait leur trou, en enlevant les voyelles de leur nom pour être mieux référencés sur Google, en évitant les références trop marquées aux groupes de “rock à papa” et en composant de véritables petits tubes pop, lacérés de guitares à la fois tranchantes et classieuses.
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Ainsi, là où tout le monde s’attendait à un premier album coup de poing, les Rouennais ont pris leur temps pour sortir un condensé de tout ce qui a pu exister dans le rock. Post-punk, shoegaze, psychédélisme, pop sixties : tout a été digéré et recraché avec une morgue assez rare dans nos contrées.
Se réinventer sans pour autant perdre
Qu’on ne s’y trompe pas non plus : la plupart des chansons restent dans la lignée de ce que faisait déjà MNNQNS sur ses premières sorties. Il faut entendre par là un mélange de Sonic Youth et de Television pour les guitares et de post-punk pour la base rythmique effrénée.
Du côté des nouveautés, le son du quatuor a évolué grâce à l’introduction de nouveaux instruments. “On a utilisé du piano, pas mal de clavecin, un peu de violoncelle, des guitares 12 cordes, de la cithare… Et l’on a fini par mélanger tout ça jusqu’à arriver au point où l’on ne sait plus qui joue quoi. Entre nous, on appelle ça une ‘forêt de cordes’.”
Mais le groupe a aussi beaucoup retravaillé ses harmonies vocales, en citant Brian Wilson comme influence principale : “Il y a finalement assez peu de groupes qui se soucient d’utiliser la voix comme un instrument.” L’ensemble donne une chaleur inédite au son de MNNQNS, qui lorgne parfois vers le psychédélisme (Limits of Town ou Double Visions), ou même les ballades sixties (Stagnant Pools).
Tant sur le plan du contenu que de l’enveloppe, Body Negative est un disque assez brillant, extrêmement bien pensé. Et sa conclusion, le refrain de Wire (Down to the) entonné à l’unisson, donne un bel aperçu de ce qu’ont réussi à faire les quatre MNNQNS avec ce premier jet : se réinventer et surprendre, sans pour autant perdre leur essence de groupe de potes, gueulant des hymnes mancuniens à la pluie qui frappe les trottoirs de Rouen.
Album Body Negative (FatCat Records/PIAS)
Concert Le 3 octobre, Paris (La Maroquinerie), le 10 octobre, Rezé (La Barakason), le 11 octobre, Sannois (EMB), le 12 octobre, Ris-Orangis (Le Plan)
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