Musique toujours nouvelle, l’oeuvre de Pierre Henry se métamorphose dans des remixes ludiques et essentiels. Imaginé et préparé avec soin depuis près de deux ans, le premier volet de cette très esthétique Edition Pierre Henry comprend deux classiques du maître de la musique concrète, Messe de Liverpool (1967) et Apocalypse de Jean (1968), la reprise […]
Musique toujours nouvelle, l’oeuvre de Pierre Henry se métamorphose dans des remixes ludiques et essentiels.
Imaginé et préparé avec soin depuis près de deux ans, le premier volet de cette très esthétique Edition Pierre Henry comprend deux classiques du maître de la musique concrète, Messe de Liverpool (1967) et Apocalypse de Jean (1968), la reprise de Tokyo 2002, une pochade techno élaborée à la faveur du disque éphémère Amourfoot du journal Libération, et trois partitions inédites, Granulométrie (1967) et les récents Fantaisie Messe pour le temps présent (1997) et Une Tour de Babel (1999). Sources inépuisables de création, les grands textes mystiques trouvent dans la Messe de Liverpool et l’Apocalypse de Jean une nouvelle spatialité, à la fois « archaïque et futuriste » (Anne Rey) dans la distorsion du son, éminemment « henryienne ».
Bel édifice en apesanteur, « l’oratorio électronique en cinq temps » Apocalypse de Jean, avec la voix sépulcrale et mate de Jean Négroni, est ici à redécouvrir dans sa fantaisie exubérante de timbres électrisés, chuintements retors, gazouillis agrestes, joyeux picotements et autres silences onctueux. Entre l’Apocalypse et Une Tour de Babel, Granulométrie rejoint le meilleur de la poésie concrète, concassée dans un maelström vocal qui part de Dada et passe par les interjections orgiaques de Kurt Schwitters (Ursonate) et Isidore Isou. Un délire de gorge d’une vingtaine de minutes de la voix de François Dufrêne catapultée sur l’élastique Henry, qui mitraille l’espace armé de sa moulinette bruitiste.
Crépitante et survoltée, Une Tour de Babel, la « petite » dernière du compositeur, ne manque pas d’attrait, avec sa profusion quasi indescriptible d’objets métalliques tintinnabulants et de voix célestes, ce langage des temps modernes où les « grands ancêtres » Berlioz et Liszt pointent leur nez, histoire de saluer cet autre illustre illusionniste des sons qu’est Pierre Henry. La Fantaisie Messe pour le temps présent fait mouche. Les esprits chagrins ne s’attendaient guère peut-être à ce que l’auteur de la Messe pour le temps présent (1967), avec ses fameux jerks cosignés Michel Colombier, en redessine à nouveau les contours, alors qu’elle avait déjà été remixée trente ans plus tard par le génial William Orbit (Métamorphose). Pour ce fabuleux juke-box pétaradant à 360 degrés, où Pierre remixe William qui remixe Pierre, l’humour et le sens de la dérision sont toujours au rendez-vous.
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Pierre Henry, Mix Pierre Henry 01.0 (coffret de 5 CD Philips-Universal)
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