Spectaculaires sur scène, les Québécois hédonistes de Misteur Valaire
accostent enfin en France : grandes jouissances à l’horizon.
En nage et en apnée, épuisés mais heureux, les membres encore tremblants d’avoir trop remué, les neurones encore fumants d’avoir trop carburé. C’est, à peu près, ce à quoi ressemblent les garçons et filles qui sortent d’un show de Misteur Valaire. La crise ? Disparue. Misteur Valaire l’a abattue à grands coups de montées soniques vers les extases, de jubilations cuivrées, de progressions rythmiques à faire smurfer Dracula et de chorégraphies cinoques.
Misteur Valaire : cinq garçons, Luis Clavis, Roboto, Kilojules, DRouin et France, originaires de Sherbrooke, qui ont pour la plupart une solide et très académique éducation jazz mais qui, en gang d’insoumis, ont décidé d’aller voir à l’école buissonnière si le fun n’y était pas. Cinq brillants lurons qui ont jeté aux orties les savoirs trop encombrants et étouffants pour n’en faire qu’à leur tête, des têtes-maelströms, bourrées de musiques savantes et d’hédonisme électronique, de pop sur pneumatiques et de hip-hop en Chamallow, des têtes joyeuses comme un cirque ivre.
“A force d’être ensemble, explique Luis, de faire de la musique tous les jours, une forme d’autodérision est née dans le groupe : c’est le seul moyen pour nous de rester forts. C’est peut-être en réaction, justement, à notre milieu jazz d’origine. Et on assume de plus en plus clairement notre rôle de party band, pour faire se lever, faire réagir des foules. Ça nous fait aussi beaucoup de bien, c’est ce qui nous anime. Si on faisait de la musique plus sérieuse, ça nous déprimerait sans doute pas mal. Mais on fait attention à trouver un certain équilibre, la qualité doit toujours être là : on ne veut pas se prendre au sérieux, mais on ne veut pas non plus être un groupe de clowns.”
Des clowns ? Certainement pas. Des entertainers géniaux, à l’évidence. Et de vrais spécialistes du do it yourself, organisés depuis toujours en structure autonome, intégrée de A à Z : quelques semaines avant le In Rainbows de Radiohead en 2007, les Québécois distribuaient leur précédent Friterday Night gratuitement sur le net. L’objectif ? Faire se déplacer les foules à leurs concerts, donc transmettre des plaisirs paradoxalement plus tangibles qu’un bout de plastique, et se constituer une solide et très dévouée fan base.
Ce sont ces fans qui, par souscription, ont financé ce Golden Bombay, sorti il y a un an au Québec – mis en téléchargement gratuit et en magasin, il y a réalisé l’étrange ratio d’un gratuit pour un vendu. Golden Bombay est le plus pop, le plus accessible, le plus dansant, le plus tubesque, le plus joyeux de leurs albums à ce jour. Mais Golden Bombay est plus qu’un album, bien plus qu’un CD : c’est une invitation à venir jouir avec le groupe sur scène, à venir, avec lui, assassiner les tristesses.
En concert : le 14/7 à Dour, le 16 à Carhaix (Vieilles Charrues), le 21 à Niort, le 23 à Châtellerault, le 24 à Spa (Francofolies)