Incroyablement spectaculaires sur scène, grands maîtres du do it yourself, la formidable troupe anti-crise québécoise Misteur Valaire sort ces jours-ci son explosif Golden Bombay : entretien.
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Il n’y a jamais eu de doute sur le fait que vous alliez faire de la musique ensemble ?
Luis : Les quatre autres membres, qui avaient l’esprit très très jazz, voulaient perfectionner leur pratique instrumentale, c’était leur but : l’essentiel était de se concentrer sur la musique. Quelque chose que j’ai ensuite appris à connaître, et qui a fini par m’impressionner. Moi j’étais d’abord plus « tant que ça marche tant mieux, puis on en profite » : c’est un esprit plus rock, et je pense que le groupe a pris aussi un peu de ça, qu’il résulte du mélange des deux modes.
Et comment le son de Misteur Valaire s’est-il formé, comme l’alchimie est-elle venue ? Il vous a fallu du temps ?
Luis : Je crois que l’instrumentation y est pour beaucoup : les cuivres donnent par exemple une tonalité particulière au son, et le background jazz structure pas mal de nos idées. Le reste est justement le mélange de toutes nos spécialités, de tout ce qu’on écoute, et c’est assez large. Mais le son du groupe a évolué avec le temps.
Thomas : Le son de Golden Bombay est plus récent.
Luis : Friterday Night, notre précédent album, était vraiment plus expérimental. Mais il correspond à l’envie de se frotter un peu plus à l’électronique, et au moment où on est arrivés à Montréal. On y entend quand même les mêmes types d’instrumentation, mais le fait d’intégrer encore un peu plus d’electro, qui a une couleur sonore assez spécifique chez nous, a donné le son de Golden Bombay. Ces évolutions ont été naturelles. De Friterday Night à Golden Bombay, on a conservé nos instruments du début, je pense notamment aux cuivres-batterie-percussions-basse, puis on a rajouté par dessus, au fil du temps.
Jules : On a désormais une plus grande palette de plans, de sonorités entre les mains. Et autant de possibilités que l’on veut pour en jouer, pour aller vraiment vers l’acoustique ou vraiment vers l’électro. Cette palette est appelée à encore évoluer, selon les envies, selon le matériel, -selon tout ce qui peut se passer.
Misteur Valaire semble presque être plus un esprit qu’un son. Quand on écoute vos disques, et plus encore quand on vous voit sur scène, votre musique est une sorte d’entre deux entre un côté très savant et un autre plus entertainment, plus pop, très visuel…
Thomas : Je sais que les gens disent qu’il y a un décalage entre le live et nos disques, mais on essaye de plus en plus de concilier les deux.
Luis : Ce décalage vient peut-être du fait qu’on vient d’un milieu musical plus « sérieux », qu’on a côtoyé beaucoup de gens qui sont restés dans ce domaine plus intellectuel. Mais à force d’être ensemble, de faire de la musique tous les jours, une forme d’autodérision est née dans le groupe : c’est le seul moyen pour nous rester forts. C’est peut-être en réaction, justement, à notre milieu d’origine. Et on assume de plus en plus notre rôle de party band, fait pour faire se lever, pour faire réagir des foules. Ca fait aussi beaucoup de bien, on en parlait ensemble récemment : si on faisait une musique plus sérieuse, de la musique où les gens nous scrutent sans s’amuser, ça nous déprimerait sans doute pas mal.
Avez-vous l’impression de répondre à un besoin de s’amuser, de danser, de se défouler que pourraient avoir vos spectateurs ?
Luis : Oui, c’est aussi un peu notre rôle de divertir les gens, d’amener une certaine légèreté.
Jonathan : J’ai l’impression aussi que les gens ressentent l’énergie, l’autodérision dont Luis parlait : c’est aussi cette autodérision qui leur permet de se laisser aller pendant les concerts. C’est elle qui brise des barrières, une forme de tabou. Les gens s’en foutent, et peuvent se déhancher un peu…
Mais vous n’avez pas peur que ce côté festif prenne le pas sur votre musique ?
Luis : Si, c’est important pour nous de contrôler cet équilibre. On ne veut pas se prendre au sérieux, mais on ne veut pas non plus être un groupe de clowns. On n’est pas des humoristes. Tant que la qualité musicale est là, les gens comprennent ça.
Thomas : On ne se force pas à faire rire, quand on veut faire rire, c’est avant tout pour nous divertir nous entre nous.
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