Doublement sidéré depuis dimanche soir, l’auteur de chansons politiques comme “Regarde un peu la France” et “On était tellement de gauche” exprime, depuis sa Bretagne natale, également touchée par le raz-de-marée du RN, son désarroi et ses attentes sur les élections législatives précipitées.
“Les mots, les phrases, on ne sait presque plus les formuler devant une situation pareille. Depuis dimanche, j’ai toujours l’impression d’être en pleine science-fiction. Comme si le réel s’était enfui et dérobé en direct sous nos pieds. Le fils d’un copain m’a montré la déclaration de Macron annonçant la dissolution soudaine de l’Assemblée nationale, j’ai d’abord cru à une fake news. Il m’a fallu quelques minutes pour comprendre que c’était véridique. On ne joue plus à se faire peur, on a vraiment peur. Notre inquiétude n’est plus de l’ordre du fantasme, surtout dans une région comme la Bretagne, qui était encore épargnée par la montée du RN. Seules les villes comme Brest sont encore un peu préservées. C’est terrifiant. On s’est pris l’horizon en pleine figure. Depuis dimanche, on entend beaucoup parler d’un coup de poker de Macron. Et surtout, comment a-t-il réussi à garder secrète cette dissolution ? Personne n’était au courant, ni le Premier ministre ni la présidente de l’Assemblée nationale. Dieu a décidé…
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L’époque que l’on vit est celle de Trump et de la désinformation. Les gens se renseignent sur les réseaux sociaux, et trop peu de journaux nous servent encore de colonne vertébrale. Entre CNews qui est passée devant les autres chaînes d’information en continu et Bolloré qui manœuvre par-derrière, la réalité est effrayante. On ne rigole plus du tout. Et comment imaginer une campagne des législatives en trois semaines ? Le calendrier imposé est délirant. On n’a même pas le temps de reprendre nos esprits. En tant que sympathisant de gauche, j’ai toujours un peu d’espoir puéril. Voir Ruffin se jeter à l’eau, ça fait du bien, en espérant que Mélenchon passe enfin la main. Mais je crains que le scénario vire à la boucherie. Car si on sort les calculettes, on est encore loin du compte. D’ailleurs, on a l’impression que la résistance s’organise déjà, comme si l’affaire était pliée.
Macron est habitué à avoir deux, trois coups d’avance, mais je n’arrive pas à comprendre son arrière-pensée, les analystes politiques non plus. La boule de cristal est opaque. Quelle est sa motivation profonde ? Est-ce seulement une histoire d’amour-propre et d’orgueil mal placé ? Où préparer 2027 ? L’Assemblée nationale, ce n’est pas une entreprise publique ni une banque. Après un tel coup de massue, il est difficile de se réveiller, mais il va falloir. Essayer de se battre contre l’abstention, ou ‘contempler le désastre’.”
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