Minimum-Maximum

Kraftwerk apparaît ici en grande forme, jouant ses morceaux les plus connus, mais sans jamais donner l’impression de sombrer dans un nostalgique tour de chant. Au fil des années, le groupe n’a pas arrêté de raffiner ses techniques et ses sonorités pour donner de plus en plus de corps à sa musique. Ainsi, des tubes comme Autobahn, The Model ou Neon Lights n’ont jamais aussi bien résonné. Car il s’agit bien avec Kraftwerk de résonance. A force d’écoutes, ces morceaux devraient avoir atteint dans nos oreilles un stade de saturation. Ils continuent au contraire de rebondir dans le cerveau, comme un vieux raga indien dont l’hypnotisme et la langueur ne s’amoindrissent jamais.

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Sans doute, le travail inlassable du groupe autour de ses compositions n’a-t-il jamais relevé de la taxidermie, comme on aurait pu le croire, mais bien de la recherche d’une éternelle jouvence. Celle-ci finalement était peut-être tout entière contenue dans la manière de composer et d’écrire les morceaux, dans l’élégance qui habite chaque mouvement musical du groupe. Sa musique cent fois reprise et remise sur le métier a acquis un état bien particulier : à la fois en plein dans le cœur de l’inconscient musical collectif, mais porteuse d’un mystère insondable. Sous ses airs de best-of scénique, Minimum-Maximum est un excellent moyen de pénétrer dans les airs de Kraftwerk pour essayer d’en sonder la matière. Un excellent moyen surtout pour se perdre une fois encore dans les enchevêtrements souples de cette musique unique, qui s’écoute là comme une lancinante et longue mélopée électronique déclinée en plusieurs phases langoureuses. Ces robots ont bien plus que de l’âme, ils débordent d’une vie réellement lumineuse.