Avec leur désinvolture de fabriqueurs de tubes (Scooby snacks, Love unlimited, Korean bodega) et leurs habitudes de chenapans des grands répertoires, les trois Fun Lovin’ finiraient bien un jour par tomber. Restait à guetter le faux pas, le coup de moins bien qui transforme une lumineuse fusion entre Eddie Cochran, Isaac Hayes et Public Enemy […]
Avec leur désinvolture de fabriqueurs de tubes (Scooby snacks, Love unlimited, Korean bodega) et leurs habitudes de chenapans des grands répertoires, les trois Fun Lovin’ finiraient bien un jour par tomber. Restait à guetter le faux pas, le coup de moins bien qui transforme une lumineuse fusion entre Eddie Cochran, Isaac Hayes et Public Enemy en une ratatouille vomitive. N’en déplaise aux casseurs, la fin du charme n’est pas pour tout de suite. Malgré son nom ridicule, sa pochette digne d’une boîte de préservatifs, son concept bancal (un album de relectures de leurs propres chansons et des reprises) et des conditions de réalisation incertaines, Mimosa symbolise la lucidité d’un groupe fragilisé, qui a su mettre un bémol à ses fanfaronnades et s’effacer derrière les chansons des autres pour retrouver une unité. Huey et ses hommes de main ont même réussi une triple gageure : proposer dans un continuum lascif et terriblement moite des versions inconnues de leurs propres chansons, révéler des oeuvres oubliées qui alimentent leur discothèque intime et s’attaquer à des monstres populaires. Dans leur villégiature, les Fun Lovin’ ont donc emporté quatre de leurs titres dont l’ineffable Scooby snacks qui, privé d’électricité, se mue en un terrible air de feu de camp. Quelques vieilleries sont aussi sorties du grenier : I couldn’t get it right des fâcheux de Climax Blues Band ou encore ce Crazy train écrit par Ozzy Osbourne. Méconnaissable, dégraissée jusqu’à l’os, sa chanson râpe ici comme une terre folk. Dans le même esprit, les Fun Lovin’ Criminals emmènent le I’m not in love de 10cc sur les plages de sable fin pour le déniaiser de ses tics geignards. Plus loin, ils relookent façon Club Med de Copacabana le We’ve all the time in the world de John Barry et se paient un revival Sinatra, le temps d’un Summer wind où les cimes vocales de Ian McCulloch et le timbre rase-moquette de Huey ne se rencontrent qu’en passant. Grand disque estival : dommage que ce soit l’hiver.
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