Héritier habile et speedé du rock anglais vintage, Miles Kane élargit son intérieur en conviant ses héros Paul Weller ou Andy Partridge de XTC à un festin à l’ancienne.
Comment as-tu eu le déclic pour la musique ?
Miles Kane – Grâce à ma mère qui, quand j’étais petit, écoutait les Beatles, des groupes Motown, T. Rex… Je vis à Londres maintenant, mais je reste très attaché au village où j’ai grandi dans la région de Liverpool. C’était frustrant à l’époque, parce que je voulais éviter de tomber dans la normalité et accomplir quelque chose. Quand j’ai commencé à aller à des concerts, comme ceux des Super Furry Animals ou d’Oasis, c’est comme si je découvrais un nouveau monde complètement inaccessible. Je jouais de la guitare mais je n’avais pas le cran de chanter. En rentrant de l’école, je m’entraînais à chanter devant un miroir en playback sur les Libertines. Ça m’a pris du temps d’apprivoiser ma voix.
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As-tu toujours eu confiance en ton songwriting ?
Avec ce nouvel album, je me suis affirmé. J’ai voulu exprimer de façon très frontale des émotions brutes, de la colère à l’amour.
Dans la chanson-titre, tu chantes “Ne laisse pas tes inquiétudes dicter qui tu es”. C’est difficile à imaginer, avec cette image invincible que tu donnes.
J’ai pourtant beaucoup de moments de doute. Je me triture l’esprit à propos de tout. Ecrire un nouvel album, c’est vouloir se surpasser, espérer que les gens s’identifient à certaines chansons. En écrivant des paroles et des mélodies avec honnêteté. Ça ne se calcule pas. Je voulais un résultat très personnel, sans tomber dans le folk, en restant bien ancré dans le rock’n’roll. J’ai écouté un peu de glam, notamment Sweet et David Bowie. Cette idée de martèlement m’a beaucoup inspiré.
C’est un album solo, mais tu es très accompagné.
Certaines chansons ont été écrites en solitaire, à la guitare acoustique. D’autres ont eu besoin de rebondir avec d’autres esprits. Toutes ces collaborations font naître une nouvelle vitalité. Je suis allé chez Andy Partridge du groupe XTC, à Swindon. On a écrit une vingtaine de morceaux ensemble et il m’a énormément appris au niveau des mélodies, des accords… Composer avec Paul Weller était aussi une expérience géniale. Il dégage une énergie très positive qui m’a donné de l’assurance. Il aime travailler vite et moi aussi. On s’est bien amusés à faire cet album et j’ai l’impression que ça s’entend.
Tu t’es plus amusé que sur tout ce que tu as pu enregistrer avant ?
Cette fois, j’avais une image plus nette de l’ensemble que je voulais obtenir. C’est un album très intime, jusque sur la pochette : en arrière-plan, on aperçoit ma maman et mes deux tantes à l’étal de leur boucher, sur un marché de Liverpool. J’ai déjà parlé de sentiments en musique, mais je ne me suis jamais autant dévoilé. Ça se reflète dans le titre (“N’oublie pas qui tu es”), qui souligne l’importance de garder en tête d’où on vient et de savoir l’apprécier.
Concerts : le 6 juillet au Festival de Beauregard, le 16 aux Voix du Gaou, le 30 octobre à Paris (Olympia)
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