De tous les artistes présents sur Twitter, Mike Skinner des Streets est tout simplement le meilleur.
Je dois ici rendre hommage à l’un de nos récents stagiaires, qui passait ses journées sur Twitter et à qui j’ai collé pas mal de vannes pourries : “Hey mec, il est Twitter moins le quart, uh uh” (la vanne est un marronnier sur le site, ai-je ensuite appris, et je comprends aujourd’hui pourquoi il me regardait parfois avec cet air un peu consterné). Pour voir, je m’en suis donc créé un, de Twitter, et pour le moment je dois reconnaître qu’il est d’un intérêt assez limité – pour moi comme pour les autres (“Ouais, j’ai mangé du gouda” ; “Han han je crois bien que je suis malade” ; “Tiens tiens, c’est pas cool les voisins qui écoutent les Doobie Brothers”). Genre pas terrible, quoi. L’outil, simple en apparence, est difficile à maîtriser pour peu qu’on veuille divulguer plus que l’heure de son dernier pet.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais s’il y en un qui a pigé avant tout le monde comment jouer avec le truc, c’est bien Mike Skinner de The Streets. Un vrai bonheur, son Twitter : sur les 140 signes qui lui sont offerts, le bon Mike, tenant de la meilleure punchline de tous les temps (“Playstation’s my vocation”, dans The Irony of It All, sur le premier album Original Pirate Material, 2002), arrose ses followers (les gens qui suivent votre Twitter) comme un enfant fou.
A raison d’une update presque toutes les trente minutes le jour (il y en a moins la nuit, sauf lorsqu’il est ivre mort, ce qui arrive), Skinner, avec la même précision et la même bonhomie que dans ses chansons, raconte sa vie dans le bon sens du terme, en variant les angles, en pré ou surdosant les ambiances, les émotions ; en posant des questions de génie qui n’amènent bien évidemment pas de réponses (lundi 2 juin, 9 heures du matin : “Pourquoi est-ce que tous les T-shirts rétrécissent vers le bas ?”). Il y a aussi ces aphorismes discrets, parfois difficilement traduisibles, qui tombent juste comme il faut sur la Nike Air Max, et qui peuvent être assez poétiques, comme ce dimanche 31 mai, 16heures : “Winter will not ask me what I was doing all summer” (“L’hiver ne me demandera pas ce que j’ai fait tout l’été”).
D’autres coups, c’est cru et trivial, mais souvent plein d’humour et toujours d’une lucidité redoutable, comme ce vendredi 29 mai, à 8heures du matin, juste à la tombée du lit : “Now is not the time for the dick measuring” (“L’heure n’est pas au mesurage de teub”).A tel point que l’activité du Mike sur Twitter nous amène à réfléchir à cette hypothèse, que l’on formule à chacun de ses nouveaux disques : Skinner n’est-il pas aujourd’hui tout simplement le plus grand auteur du Royaume-Uni, toutes catégories confondues ? Sur 140 signes, il est en tout cas loin devant tout le monde. Abonnez-vous.
{"type":"Banniere-Basse"}