Un triple vinyle permet de redécouvrir un compositeur de cinéma russe méconnu.
De la musique de film sous l’ère soviétique, nous n’avions jusqu’alors retenu que le nom d’Edouard Artemiev pour son accompagnement des chefs-d’œuvre d’Andreï Tarkovski que sont Solaris, Le Miroir ou Stalker. Celui de Mikael Tariverdiev par contre n’évoquait rien avant que le label anglais Earth Records ne se décide tout récemment à éditer ce fort beau coffret qui rassemble sur trois vinyles les principales contributions du compositeur russe à la production cinématographique et télévisuelle de l’URSS entre 1961 et 1980.
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Période faste pour un genre qui n’est pas encore considéré avec sérieux par la critique malgré l’évident génie dont font preuve à chaque score des maîtres tels qu’Ennio Morricone, Bernard Herrmann, Georges Delerue, Nino Rota ou Michel Legrand. Les noms des deux derniers sont le plus souvent convoqués lorsqu’il s’agit de cadrer l’univers musical de Tariverdiev qui, à l’instar de Rota et Legrand, exploite aussi bien la chanson populaire et le jazz que la musique baroque ou romantique, tous matériaux qu’il plie à une volonté tantôt sobrement orchestrale, tantôt carrément lyrique, tout en y injectant sa séduisante et prégnante mélancolie sans laquelle tout ça passerait volontiers pour de la bête muzak.
La raison expliquant que l’œuvre de Tariverdiev ait mis autant de temps à nous parvenir tient probablement à l’absence de retentissement qu’eurent de ce côté-ci de l’Europe les films enrichis par ses soins comme Au revoir les garçons ! et A la recherche du soleil, réalisés par Mikhail Kalik, ou la série télé Les 17 Moments du printemps, très populaire en Russie. Et c’est bien le prodige de ce coffret que de nous charmer avec ce montage d’illustrations sonores pour lesquelles nous ne disposons d’aucun repère, d’aucune référence fictionnelle, qui nous parle d’un monde inconnu auquel nous sommes pourtant indéfectiblement liés par la plus douce, la plus aimable des tristesses, la nostalgie.
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