MGMT : la compile éclairante

Généralement, ce genre de compilations pour lesquelles un groupe choisit ses titres préférés comme d’autres griffonnent un CV brillent par leur inutilité. Ramassis de chansons sans logique, assemblées en toute démocratie (cet ennemi de la musique), ces playlists n’enseignent que rarement sur les émois et l’éducation de jeunes gens qui n’auront alors d’autres choix que de composer à leur tour.

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Fait rarissime, on comprend bien mieux MGMT après avoir écouté cette sélection parfaite qui mélange, sans frime et sans faiblesse, les époques, genres et continents. Une seule constante, sans doute héritée partout du Velvet Underground (présent, avec le défoncé Ocean) : une façon unique de jouer tout en tension, mais quand même lentement, que ce soit de la pop (les glorieux Felt ou TV Personalities), du rock frappé (Suicide, Julian Cope, Spacemen 3) ou de la new-wave avec le moral à zéro (The Wake, The Chills avec le sublime Pink Frost).

Car à part quelques jolies transgressions à ce dogme (le psychédélisme tout doux des Californiens de The Great Society, le rockab nonchalant de Charlie Feathers, la pop aquarelle de Durutti Column ou le folk onirique de Mark Fry, Cheval Sombre et Dave Bixby), on sent bien l’impact absolu du Velvet et de ses descendants remuants sur ce songwriting tourmenté et radieux, libertaire et respectueux des écritures. Une éducation en lo-fi et en zigzag qui a façonné le son unique de MGMT – à la fois premier de la classe et cancre malingre, populaire et paria. Un son dont le duo a gardé l’esprit, l’essence agitée, pour la moderniser en un psychédélisme peinturluré, rénové et débarrassé de ses clichés.

Le duo s’invite sur sa propre compilation en signant une reprise hallucinée de Bauhaus. Son titre : All We Ever Wanted Was Everything (“Tout ce que nous exigeons, c’est absolument tout”). Ça explique les choix et la gourmandise de cette sélection qui va faire la joie des iPod les plus gourmands, les plus gourmets.