Qu’attendre d’un groupe considéré comme une usine à tubes, cramé par deux ans d’excès et de gloire instantanée ? Une magnifique surprise : raconter la médaille et son revers sur un deuxième album aussi passionnant que touchant par sa sincérité. Analyse et écoute intégrale.
Ne prononcez plus ma-nadje- mente, ne faites plus aucun lien entre Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, les deux ciboulots bouillonnants de MGMT, et un “ensemble de techniques de gestion, d’organisation et d’administration d’une entité”. Le groupe le refuse et on le comprend : ce serait une sacrée usurpation que de parler de management à propos de MGMT.
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Depuis deux ans, l’histoire chaotique du groupe n’a pas eu grand-chose à voir avec la gestion d’une carrière rock avec pavillon et break Volvo. La vie des deux garçons, et du groupe qui les accompagne, a plutôt ressemblé à une fête orgiaque, à une bacchanale dingo pour patachons sans bornes.
Tout part d’un heureux malentendu : deux chansons plutôt simples, Kids et Time to Pretend, qui se transforment par magie en tubes absolus pour masses universelles, morceaux multimillionnaires entendus chez mamie ou au Franprix, sur Radio France Bleu Mayenne et dans la salle d’attente de l’orthodontiste, au Festival des Inrocks et aux meetings de l’UMP.
Le malentendu ? Les garçons ont écrit les deux cartons alors qu’ils commençaient à peine à faire joujou avec leurs idées très larges – le reste d’Oracular Spectacular, premier album bien plus complexe et ambitieux, n’a finalement pas grand-chose à voir avec ces têtes de gondoles platinées. “Les chansons qui ont eu le plus de succès étaient les plus anciennes, explique Ben, celles que l’on avait écrites quand on avait 20 ans… Quand l’album est sorti, nous avions changé d’état d’esprit.”
Le malentendu ? Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser, qui ont plus à voir avec le pas très chébran Connecticut où ils ont étudié qu’avec le bouillonnant Brooklyn où ils ont explosé, sont avant tout deux fans obsessionnels de musique, un peu ahuris et très extramondains. [attachment id=298]Deux nerds foutraques, deux encyclopédistes de la musique qui deviennent en quelques courtes semaines les empereurs involontaires de la hype mondiale, les parangons de la coolitude à copier en société.
Comme des gamins lâchés dans un magasin de bonbons magiques, Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, fameux amateurs de drogues qui font voir les choses de toutes les couleurs, croquent la pomme. Cette naïveté postado peut parfois coûter très cher. Le mythe, le vrai, c’est sur un plateau poudré que la pop culture l’offre à des garçons qui ne connaissent ni leurs limites, ni celles du monde dans lequel ils se projettent avec joie : sex, on ne sait pas trop mais on subodore ; drugs, ils l’avouent sans fard ; et rock’n’roll, à fond les ballons. Ils avaient d’ailleurs clairement prévenu sur Time to Pretend, premier morceau de leur premier album : “Vivre vite et mourir jeune est notre décision, nous avons la vision, éclatons-nous maintenant.” C’était du second degré, ça s’est transformé en prédiction appliquée à la lettre. “On est passés par là, oui, confirme Andrew, dont l’effrayante timidité frôle parfois l’autisme. C’est de toute façon difficile à éviter. Quand tu deviens populaire, tu te retrouves entouré de gens qui veulent t’offrir des vêtements gratuits, des drogues gratuites, qui t’invitent en permanence dans des clubs, à des soirées.”
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