Parler dans une même discussion de Mario Bros, de romantisme, des Bronzés et de la légalisation du cannabis en Europe : c’est possible avec Caballero & JeanJass.
La première chose qui frappe à l’écoute de Double Hélice 3, c’est à quel point vous assumez de plus en plus vos personnages. Être dans le divertissement permanent, c’est votre truc de base ?
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Caballero : On ne cherche pas spécialement ça, mais c’est clair qu’il y a une évolution logique entre nos différents albums.
JeanJass : Ce n’est pas pour rien qu’on a appelé ce disque Double Hélice 3, dans le sens où on le voit vraiment comme la fin d’une trilogie, comme l’aboutissement d’un certain univers. Ça ne veut pas dire que c’est le dernier projet que l’on fait ensemble, mais ça nous a fait triper de développer une dernière fois cet univers tout en faisant un clin d’œil à des trilogies telles que Star Wars, le Seigneur des Anneaux, Indiana Jones ou même Les Bronzés. L’épisode 3 est un chef-d’œuvre méconnu (rires).
Caba, dans un morceau, tu dis que vous êtes un peu comme Luigi & Mario. Qui est qui dans ce cas ?
C : Physiquement, JeanJass étant longiligne et moi plus petit, il est logique qu’il soit Luigi et moi Mario. Malheureusement, je ne sais pas si on peut pousser le parallèle plus loin. Après tout, on est ni plombier, ni italien.
JJ : Par contre, on aime également beaucoup les pièces d’or et pécho des princesses. Ça compte, non ?
En écoutant vos albums, j’ai l’impression d’entendre deux potes qui, depuis leur canapé, observent le monde et parlent de tout ce qui leur passe par la tête sans hiérarchiser les sujets.
JJ : On essaye d’être le plus intelligible et lisible possible, dans le sens où on aimerait que nos textes soient à la fois fins et suffisamment compréhensibles pour que ceux qui n’ont pas vraiment les codes du rap puissent s’approprier le message. Alors, forcément, ça peut nous faire parler de choses aussi importantes que légères.
C : L’idée, c’est de parler comme des gens normaux et de contrebalancer les thèmes pour que ça puisse aider à relativiser et éviter de tomber dans un propos trop sérieux.
JJ : En fait, on ne veut pas être chiant.
Il y a pourtant moins de bangers et plus de morceaux « romantiques » sur ce disque. C’est un pari risqué, non ?
JJ : Incroyaux et Forcing sont des bangers en quelque sorte. Mais c’est vrai qu’ils sonnent différemment, on n’est plus dans la même recette que sur On est haut. Là, on a essayé de différencier les ambiances pour que les morceaux aient plus d’impact. Et puis BAE avec Hamza risque de surprendre plein de gens.
C : En vrai, on utilise juste des thèmes intemporels. On a tous vécu des ruptures et connu des relations amoureuses, donc on peut se lancer dans ce genre de morceaux. Par contre, je ne te dirai pas si je suis célibataire ou si je fais la fête : c’est une interview pour les Inrocks, pas pour People.
Dans Le monde a changé, vous dites « on avance ensemble ». C’est un clin d’œil à la scène rap belge, omniprésente en 2018 ?
C : On n’a pas du tout pensé à cet aspect en l’écrivant, mais maintenant que tu le dis, ton parallèle n’est pas du tout bête mon garçon !
JJ : Tu devrais être augmenté et nous envoyer tes fiches de paie pour nous le prouver.
Dans dix ou quinze ans, vous pensez que vous vous réunirez tous pour faire une tournée « L’âge d’or du rap belge » ?
JJ : (rires) Si certains d’entre nous sont fauchés, pourquoi pas ! Tu sais, si ça peut permettre à quelques frères de toucher une petite retraite, on ne va pas s’en priver. Je suis pour l’entraide.
D’où le fait de vous réunir constamment, que ce soit dans vos albums ou dans High & Fines Herbes ?
C : Si Roméo Elvis, Hamza, Krisy ou Stromae sont présents sur l’album, c’est juste parce que ce sont des personnes que l’on croise régulièrement ou qui font partie de notre entourage. On n’est pas du tout dans une démarche communautaire, on travaille également avec plein d’artistes suisses, canadiens ou français, mais c’est vrai que c’est plus facile de mettre en place un morceau avec Hamza et Roméo Elvis qu’avec d’autres rappeurs qui vivent à Marseille ou à Paris.
JJ : Quant au tournage d’High & Fines Herbes, crois-moi, ça n’a été long de les convaincre de nous rejoindre à Barcelone pour enregistrer les épisodes. Bizarrement, ils étaient tous motivés.
Créer votre propre weed, c’est quelque chose que vous envisageriez ?
JJ : Au moment où nous parlons, des scientifiques ont des laboratoires secrets où ils élaborent nos futures variétés. Comme ça, on sera prêt à envahir le marché le jour où ce sera légal en Belgique !
Est-ce que cette image de mecs défoncés ne vous fait pas du tort parfois, dans le sens où on oublie souvent de rappeler à quel point vous bossez constamment ?
C : Il faut savoir que les légendes pulmonaires que nous sommes voient la weed comme les épinards de Popeye. Pour vous, êtres humains normaux, c’est la substance idéale pour vous endormir ou vous relaxer. Nous concernant, ça nous permet au contraire de muter et d’être en forme à n’importe quelle heure de la journée.
Double Hélice 3, vous l’avez dit, c’est la fin d’une trilogie. À quoi peut-on s’attendre pour la suite ?
C : Si ces trois premiers albums étaient des sortes de buddy movie, on ne s’interdit rien pour la suite. Ça pourrait être tout aussi bien un blockbuster qu’un thriller.
JJ : Ou un porno, tout est possible.
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