Deux ans après le solaire « Love Letters », l’Anglais Joseph Mount, tête pensante de Metronomy, retrouve ses habitudes solitaires sur un cinquième album introspectif et espiègle.
Le titre du cinquième album de Metronomy, Summer 08, indique clairement le thème central : l’été 2008, alors que le groupe s’apprêtait à sortir Nights out, son deuxième album, qui l’a propulsé au sommet de l’electro-pop anglaise. Homme-orchestre de Metronomy, Joseph Mount avait alors 25 ans et mettait tous ses espoirs dans ce projet, après un premier album pas vraiment triomphal. Huit ans plus tard, installé à Paris et père de deux enfants, il se replonge dans cette période euphorique de sa vie.
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“Je n’ai plus le même âge et je ne vis plus à Londres. Je n’ai plus les mêmes préoccupations. Faire comme si c’était le cas et composer une chanson dans cet esprit, ça m’a amusé. C’est un peu comme si j’essayais aujourd’hui d’écrire mon journal intime d’il y a huit ans, alors que je n’en ai jamais tenu. J’ai des souvenirs très précis de mes émotions de l’époque.”
Un désir de simplicité
Dans sa conception, ses sonorités et son mode d’enregistrement, Summer 08 a plus d’un point commun avec Nights Out. Joseph l’a écrit et produit tout seul. Il joue lui-même la grande majorité de l’album, à l’exception du tube entêtant Old Skool, hachuré par les scratches mythiques du Beastie Boy Mix Master Mike, et de Hang Me out to Dry, en duo avec la pop-star suédoise Robyn. Ce cinquième album revient à une forme d’épure en réaction contre les riches embellissements des deux albums qui l’ont précédé : The English Riviera, pour lequel Joseph enregistre pour la première fois dans de vrais studios, et Love Letters, qu’il conçoit en analogique et entouré d’un groupe, loin de son autarcie habituelle. La pochette sobre et l’absence de livret prolongent ce désir de simplicité.
“Summer 08 revient à la façon de procéder que j’avais à mes débuts. C’est le son que je crée quand je ne cogite pas trop, et c’est sûrement en ça qu’il ressemble le plus aux premiers Metronomy. C’est ce qui me vient naturellement, contrairement à mes deux derniers albums mûrement réfléchis.”
On retrouve sur Summer 08 les basses typiques de Metronomy (notamment sur l’épatant Miami Logic), ainsi que des rythmiques à la fois impulsives et complexes, capables de prendre possession des corps. Rappelons que Joseph joue de la batterie depuis l’âge de 9 ans et que cet instrument reste l’un des grands amours de sa vie.
“Sur le nouvel album, 16 Beat a été écrite à partir d’un rythme. En ce qui concerne la basse, j’ai copié des sonorités des années 1980 et je me les suis appropriées. J’adore l’état dans lequel elles me plongent quand je les écoute. J’ai toujours trouvé que la batterie et la basse étaient les deux éléments les plus essentiels d’une chanson.”
Coup d’œil dans le rétro
Si on inverse les chiffres du titre, on obtient 80 et les eighties, représentent effectivement une partie essentielle de Summer 08. Ce nouvel album fait des références appuyées à cette décennie où Joseph a grandi, mais ici le coup d’œil dans le rétro est surtout une façon de s’amuser, plus qu’une régression. Après avoir organisé des fêtes sages, trop organisées pour déboucher sur un véritable lâcher-prise, Metronomy se laisse aller dès le premier morceau, Back Together, où Joseph lance des riffs asymétriques et des rythmes déstructurés pour accompagner un dialogue de drague, en prenant une voix aiguë et farfelue pour interpréter la fille.
“La plupart des paroles de l’album proviennent de souvenirs de sentiments. J’ai toujours l’impression d’écrire des paroles assez ambiguës, jusqu’au moment où je dois les envoyer à mon label. C’est là que je les lis pour la première fois et à chaque fois je m’aperçois qu’elles sont en fait beaucoup plus faciles à comprendre que ce que je croyais !”
A l’exception d’une poignée de DJ-sets, Metronomy ne fera pas de tournée pour Summer 08. Ne pas l’interpréter comme une aversion pour la scène, ni par la volonté de Joseph de passer plus de temps avec sa petite famille : c’est plutôt pour accélérer le processus de création.
“En général, chaque album est suivi par deux ans et demi de tournée. Je trouve ça déprimant de ne pouvoir sortir qu’un album tous les trois ans. C’est frustrant de devoir attendre aussi longtemps.”
On lui demande si on peut en conclure qu’il sortira bientôt son album suivant et qu’il a déjà commencé à écrire la suite : “Oui, c’est exactement ça !” On lui dit donc à très bientôt.
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