Avec son groupe Metronomy, l’Anglais Joseph Mount signe un des grands disques de 2011. The English Riviera écrit la pop du futur. : rencontre et écoute.
Le bac en poche, Mount quitte ses verts pâturages pour aller s’inscrire à l’université de Brighton. Matières choisies : musique et arts plastiques. S’il développe un intérêt inédit pour ces nouvelles disciplines, c’est à l’école du clubbing que le jeune homme brille rapidement. Brighton bouillonne et des DJ locaux se mettent à diffuser ses bricolages electro. Bientôt, Mount entame une série de remixes. En face de sa nouvelle casquette de remixeur, les noms de Goldfrapp, Sébastien Tellier, Lykke Li, Franz Ferdinand illuminent son impressionnant CV. Metronomy est officiellement lancé.
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Le jeune homme pose ses bagages entre Londres et Paris tout en gardant un attachement fort à sa région natale. C’est d’ailleurs ce qui lui a inspiré l’idée de The English Riviera, troisième album ayant la lourde tâche de succéder au déjà brillant Nights Out. “Dans le Devon, on passait nos journées dehors dans les champs, à la plage, à essayer de draguer les filles en conduisant des voitures. Ça ne marchait pas fort… J’ai eu envie de fantasmer ce coin de l’Angleterre, de le concevoir comme un équivalent britannique de la Côte d’Azur, de la Californie. Et d’agencer un disque qui serait comme un hommage à cet endroit. Tout ça est fictif, c’est une légende : si vous allez sur la côte du Devon, vous verrez rapidement que ça n’est pas aussi glamour. C’est un disque qui regrette une région, une époque et une attitude qui n’ont jamais existé.”
Fruit de ce fantasme, The English Riviera dévoile une apesanteur et un romantisme de bord de mer : les cris des mouettes y côtoient les claviers, des choeurs féminins s’y enroulent langoureusement (Everything Goes My Way), des guitares sourdes et sexy y invitent à l’abandon (The Look, formidable morceau comme échappé d’un vieil album de Pulp). Le tout est à la fois glamour et cinématographique, rétro et résolument moderne, vaporeux, hédoniste. “En Angleterre, si vous allez à Manchester ou à Sheffield, la musique est encore très liée à la lutte des classes. Il y a là-bas une certaine fierté d’appartenir à une communauté, un besoin de se rebeller à travers l’art. Là où j’ai grandi, il n’y a pas de vraie raison de se battre : la musique a plutôt un rôle social, on en joue pour s’occuper, pour faire la fête, pour voir des amis, pour l’enchantement…”
Pour l’enchantement, mais aussi pour ce que l’on a désormais envie d’appeler l’“endansement” : quand il délaisse les climats lascifs, The English Riviera sait aussi se faire fantastique machine à titiller les jambes. Impossible, à nouveau, de ne pas penser à LCD Soundsystem pour cet art de torturer nerfs et gambettes. “J’aime le r’n’b et le hip-hop parce que ce sont des musiques qui me donnent envie de bouger. Cela dit, je ne sais pas bouger, je ne sais pas danser, je suis trop inhibé pour ça. Je vis donc dans la torture (rires)… Mais j’ai beaucoup joué de la batterie, je ne pourrais pas envisager un morceau sans élément rythmique pour danser.” Deux morceaux de The English Riviera déclarent ainsi la guerre à la boule à facettes. Outre celle du jubilatoire Corinne, on recommande l’écoute de celui qui, dans un monde normal, serait le tube de 2011. Il s’intitule The Bay et c’est de la bombe baybay.
Concerts : le 23 avril à Bourges, le 4 mai à Paris (Cigale, complet), le 21 à Toulouse, le 22 à Bordeaux, le 23 à Rennes, le 24 à Lyon, le 25 à Tourcoing, le 26 à Strasbourg, le 5 juillet à Paris (Cité de la Musique), www.metronomy.co.uk
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