Avec son groupe Metronomy, l’Anglais Joseph Mount signe un des grands disques de 2011. The English Riviera écrit la pop du futur. : rencontre et écoute.
A la ville, Joseph Mount n’a rien d’une star. Humble, réservé, ce jeune adulte anglais affiche un profil d’ancien étudiant en littérature, de jeune professeur de philo, de bibliothécaire poli. Timide, il est à des milliers d’années-lumière des fortes têtes à grande gueule qui égaient de leur faciès de superhéros rock les colonnes de la presse anglaise. Mais voilà : Joseph Mount est une star, une vraie. Dans cette discipline que les pantins en question ont tendance à oublier : la musique.
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Avec Metronomy, la formation anglaise qu’il dirige depuis une grosse décennie, Joseph Mount accouche ainsi ce mois-ci d’un grandiose disque d’electro-pop : onze titres éblouissants réunis sous le nom The English Riviera (voire critique ci-contre). Cette Riviera est en fait une formidable cascade, une fontaine de jouvence, une source de plaisirs infinis. De véritables chutes du Niagara qui tombent à pic, quelques jours à peine après le chant du cygne de LCD Soundsystem.
C’est à la table des grands, celle de James Murphy, Radiohead ou TV On The Radio, que Metronomy s’invite aujourd’hui. “Lorsque j’ai commencé Metronomy, commente Mount, je pensais que je me contenterais de jouer dans des raves, des festivals spécialisés. Je me disais qu’au mieux j’atteindrais la notoriété de groupes comme Four Tet ou Squarepusher. Puis les choses se sont mises à marcher. On a alors été associés à une scène de jeunes groupes qui rassemblait aussi Foals ou les Klaxons. Ces groupes ont connu un succès fulgurant en quelques mois. Je les voyais nous dépasser comme des sprinteurs. Aujourd’hui je pense au lièvre et à la tortue : je suis content qu’on ait pris le temps. Nous avons encore un contrat avec une maison de disques, nous publions notre troisième album. Beaucoup de groupes s’arrêtent avant.”
Joseph Mount est entouré : autour de lui gravitent la batteuse Anna Prior, le clavier et cousin Oscar Cash, et le bassiste Gbenga Adelekan venu remplacer au pied levé l’ami Gabriel Stebbing. Mais on devine, malgré une esthétique collective impressionnante sur scène (costumes sombres, guirlandes lumineuses sur la poitrine, chorégraphies sèches), que Metronomy reste, sur album au moins, une entreprise résolument personnelle, une machine solitaire. “J’ai commencé Metronomy seul, avec l’ordinateur que j’ai acheté grâce à l’héritage de mon grand-père. J’écoutais Devo, les Talking Heads, je bidouillais des trucs… Je ne partageais tout ça qu’avec quelques amis, j’étais assez solitaire dans ma démarche. J’ai alors développé des relations très fortes, intimes, avec mes ordinateurs. Je les garde tous dans un placard. Chacun correspond à une période de ma vie. Ce sont comme des instantanés du passé, comme si on avait mis la personne que j’étais à l’époque au congélateur. J’ai beaucoup parlé à mes ordinateurs, je les ai engueulés souvent.”
Conscient d’appartenir à une génération qui a eu la chance de vivre de plein fouet l’explosion internet, Joseph Mount a longtemps rêvé sa vie seul derrière son écran. Cette solitude, le musicien la doit aussi à la campagne du Devon. “Grandir à la campagne fait certainement de vous une personne sinon solitaire, du moins capable de rester seule, de se suffire à elle-même. J’avais des amis mais je vivais loin d’eux, il fallait marcher une demi-heure pour rejoindre leur maison, mes parents n’étaient pas toujours d’accord. J’ai donc passé du temps dans mon coin, j’ai développé mon imagination.”
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