En vacances d’IAM, Akhenaton s’échappe du rap d’ici, avec un album introspectif, courageux et palpitant. La déferlante Mia dans le rétroviseur, plus d’un rapper aurait d’abord songé à capitaliser sur ce triomphe plutôt que de se lancer dans un album aussi indécemment personnel et introspectif. Courageux, Akhenaton. Parti se ressourcer à Naples, berceau familial, ce […]
En vacances d’IAM, Akhenaton s’échappe du rap d’ici, avec un album introspectif, courageux et palpitant.
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La déferlante Mia dans le rétroviseur, plus d’un rapper aurait d’abord songé à capitaliser sur ce triomphe plutôt que de se lancer dans un album aussi indécemment personnel et introspectif. Courageux, Akhenaton. Parti se ressourcer à Naples, berceau familial, ce Marseillais d’origine italo-espagnole se pose résolument en avocat de la latinité et de la cause immigrée. Outre la touche orientale de nombreux samples, déjà très présente chez IAM, il évoque le parcours d’un parrain mafieux (La Cosca), puis le destin des Napolitains, « ces ramasseurs d’oranges qu’Hitler nommait les nègres de l’Europe » (Métèque et mat). Libéré des contraintes du groupe, il cultive sa différence et parvient à se dénuder totalement, jusqu’à adopter parfois un ton naïf un brin désuet. A l’heure où le rap français semble se soumettre chaque jour davantage à la dictature des hit-parades friands d’inconsistance bon enfant, Akhenaton prend les ondes à revers : il accomplit le miracle du rap signifiant sans être menaçant, du rap à tripes, parfaitement personnel, tour à tour grave et enjoué, philosophe et nostalgique. Au sein d’une culture dominée par l’arrogance, il ose même battre sa coulpe (Je ne suis pas à plaindre) et afficher ses faiblesses avec une autodérision vacharde : « A l’école je voulais être original, différent, ça criait l’Amérique dans tous mes vêtements » (L’Americano) ou « Il me manque quelques kilos/Quand je suis en maillot, on dirait une radio » (Je suis peut-être). Chroniques d’un « simple citoyen méditerranéen », cet album aux amarres définitivement larguées permet à ce méditatif de confession islamique d’avancer sans prêchi-prêcha dans un mysticisme à usage intime : « Dieu et moi avons fait un pacte/Chaque fois que le don qu’il m’a fait est sali par mes actes/Il m’envoie brûler en enfer » (Je combats avec mes démons). Bouleversant, attachant et intimiste, il n’en oublie pas pour autant sa fibre B-Boy avec deux hymnes hip-hop authentifiés : La Face B manifeste pro-vinyle et Bad boys de Marseille, avec la Fonky Family. Humble Martien distancié du modèle américain, comme IAM l’a toujours été sans en avoir conscience, Akhenaton transcende encore quelques conventions rappologiques pour offrir ce courageux autoportrait. Le hip-hop hexagonal en sort grandi.
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