Nouveau rendez-vous sur lesInrocks.com : chaque mois, retrouvez l’actu du metal décryptée par Hervé Deplasse.
En bref
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Les Écossais de Biffy Clyroravagent les charts anglais avec leur fusion prog/heavy et leur nouvel album Opposites, numéro 1 en Angleterre. Du coup, ils sont aussi bombardés en tête d’affiche des festivals de Leeds et Reading l’été prochain.
La sortie du prochain Queens of the Stone Age est prévue courant 2013. Ils prennent beaucoup d’acid, Queens ?
D’après Ozzy, le nouveau Black Sabbath sonnerait comme du Satanic Blues et il adore ça.
Les Smashing Pumpkins seront en tournée anglaise en juillet.
D’après leur bassiste bricoleur, un nouvel album de Tool devrait paraître en 2013.
Marilyn Manson s’est évanoui sur scène à Toronto le 6 février. Le Sphinx trash est tout en carton !
C’est le groupe pennsylvanien Halestorm et Elisabeth Hale, sa chanteuse accorte, qui a remporté le Grammy du meilleur groupe de Hard de l’année aux USA tandis que nos vaillants Skip the Use empochent l’album Rock aux Victoires.
Le 3 Mai, Metallica jouera l’hymne national pour la rencontre opposant les L.A. Dodgers aux Giants. Crétins et patriotes.
Black dog barking sera le titre du nouvel album de Airbourne en mai.
Chronique : Krokus – Dirty dynamite (Sony Music)
On peut prendre cet album sous deux vues différentes ; soit le nouvel et 17e album du groupe suisse le plus célèbre du monde ou le nouveau et meilleur album de AC/DC depuis The Razor’s Edge. A l’écoute, le mimétisme avec le groupe des frères Young est saisissant, des riffs copiés/collés à la voix papier de verre identique à celle de l’encasquetté Brian Johnson, lui-même paraphrasant son pour son celle de Bon Scott. Ce n’est pas très nouveau pour Krokus de lorgner du côté du bush australien puisque c’est leur crédo depuis très longtemps mais l’exercice a pris une telle tournure qu’il va bientôt devenir difficile de faire la différence entre les deux.
Qu’importe, si le plaisir doit être coupable, flagellons nous pour aimer ce disque puisqu’il est foutrement agréable, jouissif, direct, incisif, premier degré et réussi, produit au rasoir et rageur comme au premier jour. Je vous dis cela sans avoir vu un cliché récent de ces gars qui doivent tous être sexagénaires et le cheveu épars, sans doute plus aussi frais que du temps où ils faisaient rayonner le heavy rock suisse au firmament des charts US mais on peut bien peu s’en faire quand Mick Jagger continue à se dandiner come une suffragette à presque 70 ans. N’oublions pas que ces petits Suisses (au line up aussi changeant qu’une promesse électorale) furent disque de platine aux USA et que, première partie velléitaire, ils firent de l’ombre aux titans Def Leppard qui finirent par les virer.
Krokus (de la plante alpine Crocus) semble, et c’est bien ce qui nous préoccupe ici, prendre un malin voir pervers plaisir à faire les coucous dans le nid heavy de leur modèle. Une expérience bien plus qu’amusante qui nous apporte au passage une reprise heavy blues pas piquée du goulot du Help des Beatles façon heavy Joe Cocker meets ZZ Top. Mais la vraie pilule (d’amphète) à faire passer, c’est bien que cette « Sale dynamite » explose littéralement le Black Ice de AC/DC. Les titres de Krokus sentent bon le cambouis frais, les textes soigneusement patauds ne cassent pas une demi plume de ptérodactyle mais rien n’y fait, l’ensemble pousse à taper du pied plus vaillamment que la présence immédiate d’un marteau-pilon.
Et pour quelques boulons de plus
Signed and sealed in blood (Cooperative) consacre les Dropkick Murphys comme les représentants majeurs du heavy punk celtique. Ils firent le break avec leur reprise titanesque du traditionnel Shipping up to Boston dans Les Infiltrés de Martin Scorcese et leur passage en 2012 au Hellfest leur a servi de Tremplin en France pour sauter d’un Bataclan régulier à un Zénith bien rempli. Des assauts de guitares aussi saignantes que des côtes passées au bbq lardés de copieuses miettes de folk irlandais, le tout joué à la vitesse des punks anglais de la seconde vague, voici la recette facile et efficace des Bostoniens. Le nouvel album tient deux hymnes : The Boys Are Back et Rose Tattoo, ce qui ne gâte pas l’affaire.
Symptomatique du groupe teuton avec des vocaux « glaouis coincés dans le spandex » chers aux nuisibles insectes Scorpions, Helloween (méga jeux de mots) a comme logo/mascotte/emblème une… citrouille évidemment. Et leur hard poussif ne se transformera jamais en or 24 carats, celui dont certains albums de Deep Purple (leur modèle) fût parfois serti. Leur 14e album, Straight Out of Hell (Sony Music) ravira sans doute les fans qu’il leur reste, les autres en seront aussi ravis que d’apprendre que la Starac a repris.
Machine Head emprunte son nom à l’un des deux meilleurs albums du groupe de Ritchie Blackmore mais sans que leur musique ait le moindre rapport avec celle des Anglais. Les Californiens brutalisent l’acier dans un speed/thrash de latitudes Slayer/Metallica depuis maintenant deux décennies. Le torrent de décibels produit laisse parfois place à d’émouvantes pauses quasi romantiques comme en témoigne le titre The Locust sur leur dernier album studio. Ce qui nous préoccupe ici est leur double live sorti fin 2012 et sobrement intitulé Machine Fucking Head Live dont l’essentiel des titres puise dans leurs deux derniers efforts studios The Blackening et Unto the Locust dans un déluge sonique apparemment assez respectueux du vrai son live et en tout cas bien supérieur à leur premier Hellalive d’une dizaine d’années et dont on a du mal à imaginer qu’ils le produisirent une fois au Printemps de Bourges.
Festivals à Thor et à travers
Épreuve presque obligée du fan de musique, le festival musical pollue maintenant des dizaines de villes avec des programmations souvent identiques et de moins en moins excitantes. Les festivals de metal moins nombreux mais très attendus en termes de fréquentation commencent à se livrer de véritables batailles de têtes d’affiche. Si ce type de festival veut survivre et grossir, il doit impérativement faire en sorte d’avoir une affiche différente du concurrent afin d’attirer les hordes patchées. Le jeune outsider anglais Hevy Fest s’offre pour sa quatrième édition la seule apparition depuis 30 ans de Black Flag avec son chanteur originel Ron Reyes.
Le Hellfest nantais annonce d’ores et déjà Kiss, Korn, Accept, Whitesnake, Down, Twisted Sister, Karma to Burn, Moonspell, Krokus, Danzig, Saxon, Helloween et Bullet for my Valentine. Après le carton des Dropkick Murphys l’an passé transformant l’herbe en champ de trèfles, les organisateurs rallongent l’angle punk avec les Buzzcocks, Gallows, Cockney Rejects, etc.
Sonisphère présent en Espagne (Madrid et Barcelone), Italie et France ne fait pas dans la mesure à Amneville avec Iron Maiden, Motorhead, Slayer, Limp Bizkit, Trust, Mastodon, Airbourne et Stone Sour.
Le Download anglais sis à Donnington Park affiche Iron Maiden, Rammstein, Quenns of the Stone Age, Motorhead, Slipknot, Korn, Alice in Chains et une multitude d’apéritifs corsés.
Mais tout ceci a un prix, celui de la surenchère pour attirer le chaland à poil long. Tout comme Mikael Kohl fit passer le prix du billet des Stones à des tarifs fracassants, les stars du metal se voient proposer des sommes vertigineuses pour leur apparition exclusive dans l’un de ces plateaux viandards. C’est ainsi que le récent promoteur français de Dream Theater a dû faire face à l’offre cynique et mercantile d’un concurrent assurant au groupe que s’il passait le prix des billets de 45 à 70 euro, il ne perdrait pas un seul client. La même politique qui siège chez les exploitants de salles de cinéma prêts à créer des places première classe pour faire encore plus de blé et briser les seules règles de tarifs accessibles à tous en réinstaurant une nouvelle lutte des classes.
C’est à vomir, mais gageons que le Hellfest situé en pleine cambrousse et à l’abri d’un choix hôtelier clivant ne subira pas ce genre d’outrage au plus payant, chacun n’ayant d’autre choix que les champs du camping public.
L’été qui s’annonce aura valeur de test pour ces festivals et leur capacité à surfer sur le succès dont ils profitent jusqu’à présent. Les stars du metal ont toutes un âge respectable et bien que le genre se renouvelle en permanence dans ses strates les plus spécifiques, il devient de plus en plus difficile et compliqué d’accéder à un niveau de notoriété internationale majeur. De fait, la possibilité de succéder aux Maiden, Motorhead, Slayer, Metallica et consorts devient de plus en plus ténue. Au mieux, le processus prend deux fois plus de temps que dans la vie pré-internet. Rappelons à ce titre que les dernières grandes stars mondiales sont Rammstein, un groupe de 19 chandelles…
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