La Californie rencontre l’Angleterre sur un îlot appelé Sneetches : mélodies de surf au ralenti, mélancolie acide et sensibilité enfantine. Depuis les Feelies, le plus beau coup de c’ur d’Amérique.
The Sneetches : Connaissez-vous Dr Seusse ? C’est un écrivain pour enfants. Avez-vous entendu parler de A Cat in a Hat ? Il a écrit environ pendant quarante ou cinquante ans. Il a fait des livres avec lesquels nous avons grandi. L’un d’eux s’appelait The Sneetches. C’est presque un écrivain surréaliste pour enfants.
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Comme Lewis Caroll.
Dans un sens, excepté que Lewis Caroll est plus destiné aux adultes.
Les enfants ne peuvent pas apprécier Alice au Pays des merveilles, je pense que c’est trop sophistiqué. Dr Seusse s’adresse plus aux enfants. Ses histoires contiennent toujours une morale. The Sneetches traite du racisme. En un mot, elle vous dit qu’il ne faut pas s’attacher à l’apparence de quelqu’un. L’histoire raconte que certains Sneetches portent des étoiles et d’autres, non. Ceux qui en ont restent dans un même groupe et excluent ceux qui n’en ont pas. Ces derniers, dans le but d’être acceptés, souhaitent aussi avoir des étoiles. Ils peuvent en obtenir s’ils paient un certain prix. Ils paient le prix et disent On est à présent comme vous, on peut participer et être dans le même groupe.? Ceux qui avaient des étoiles à l’origine sont furieux car ils ne sont plus différents, ils disent donc Ecoutez, on retire les étoiles !? et ils les retirent tous. Ils sont de nouveau différents. Ceux qui ont obtenu des étoiles veulent donc aussi retirer les leurs. Alors, les autres veulent à nouveau en porter… Ils continuent comme ça, le va-et-vient. Le type qui leur coud et leur découd les étoiles se fait beaucoup d’argent parce que les autres n’arrêtent pas de changer. A la fin, tout le monde est fauché, personne ne peut plus payer. Certains ont des étoiles, d’autres pas. Le type rigole, quitte la ville en se disant On ne peut rien apprendre à un Sneetche … A la fin, le Sneetche réalise qu’il importe peu d’avoir une étoile ou non. Dr Seusse a écrit ça en 1953.
Ses créations, les Sneetches, ne ressemblent à rien. Tous ses personnages ne ressemblent à rien d’humain (rires)? Ce sont vraiment de bons livres, marrants à lire. Des histoires intelligentes pour enfants.
Je pense que ça s’applique bien à votre groupe, à votre musique.
C’est comme si notre musique s’était débarrassée de son côté heureux. Parfois, les mots sont à l’opposé de la musique. C’est ce que je ressens avec les histoires de Dr Seusse : il peut écrire comme un enfant mais essaie de vous dire quelque chose d’important, il essaie de mettre de la substance dans ce qu’il fait.
Je ne connaissais pas les Sneetches de Dr Seusse parce que je suis français. Mais les Anglais ou les Américains qui vous écoutent doivent probablement voir tout de suite à quoi vous faites référence ?
Beaucoup n’ont jamais lu les Sneetches. J’aurais espéré que Dr Seusse soit aussi populaire que Charles Schultz, l’auteur de Peanuts. Je pense que ça ajoute une autre dimension si les gens savent d’où vient le nom.
C’est comme pour Joy Division. Lorsque vous apprenez d’où ils ont pris le nom…
On sait que vous habitez San Francisco. Pensez-vous que la ville ait un impact sur votre écriture et sur votre musique ?
Non. Vous écrivez ce que vous pouvez écrire. On habite San Francisco parce que c’est vraiment un endroit agréable mais on aurait écrit de la même façon n’importe où. Matt a grandi dans la baie de San Francisco, mais j’ai grandi à Los Angeles. C’est la raison pour laquelle je peux avoir une attitude critique (rires)? Mais je me sens beaucoup mieux ici, à San Francisco. Je n’aime pas dire ça, mais je ne pense pas que San Francisco encourage les groupes. Il y a de bons groupes à San Francisco, mais le reste du pays ne le sait pas.
Vivez-vous de votre musique ou devez-vous encore travailler ?
Non, nous avons encore des jobs la journée (rires)?
Deux d’entre vous sont anglais…
Matt Carges, le guitariste, et moi jouions dans des espèces de groupes punks à San Francisco en 1980-81. Après le split de ces groupes, j’ai décidé d’écrire de la pop-music. Je me suis bien entendu avec Matt et nous avons écrit des chansons ensemble. La principale raison de la formation du groupe est que dans les années 81-82, je devenais frustré, je n’étais pas heureux de ce que j’entendais. Je voulais vraiment écouter quelque chose de nouveau, de frais. Je voulais écouter de la pop-music et à cette époque, c’était plutôt la new-wave. Les B-52 s, leur premier album notamment, ce genre de musique. Ensuite, il y a eu beaucoup de dance-rock, qui ne m intéressait pas vraiment. J’écoutais la radio en pensant Je sais que je peux faire mieux que ça !? (Rires)? Si vous vous rappelez, c’était vraiment une mauvaise époque pour la musique.
Tout ça semble avoir un cycle.
Dans les années 70, quand le punk a explosé, c’était vraiment excitant. On n’avait pas besoin d’être Jimmy Page pour jouer de la guitare.
Aucun d’entre nous ne serait capable de jouer maintenant s’il n’y avait pas eu le punk. L’esprit qui s’en dégageait était plus important encore que la musique, car c’est apparu alors que nous étions en train de grandir. C’était pour nous quelque chose de réel, contrairement au rock des années 60.
En trois pièces
Comment deux Anglais sont-ils entrés dans un groupe californien ?
Ils n’avaient pas trouvé de groupes qui correspondaient à leur sensibilité en Angleterre ?
Matt et moi avons fait Lights out nous-mêmes, tous les deux en quarante-huit heures. C’est ensuite devenu une sorte de mini-album. Nous n’avions pas l’intention d’enregistrer dans le but de sortir un disque. Lights out est donc à l’origine une démo. Puis Matt a rencontré Daniel, le batteur qui jouait dans un groupe du nom de Cortinas.
Il est venu d’Angleterre aux Etats-Unis. Matt partageait un appartement avec une fille qui est devenue la petite amie de Daniel, voilà comment ils se sont connus. Ça a quand même pris un an car Daniel, à cause de son job, ne pouvait pas (rires)? Il était chauffeur. Tant qu’il ne trouvait pas un travail différent, du style travail de bureau, il n’était pas disponible pour jouer le soir. On a donc dû attendre près d’un an avant qu’il puisse jouer avec nous. Dès ce moment-là, ça a été formidable. Alec nous a rejoints il y a deux ans, juste après Sometimes that’s all we have. Il jouait dans un groupe qui s’appelait les Stingrays. Ces deux Anglais voulaient vraiment venir ici. Il était fasciné par les Américains.
Ils étaient lassés par l’Angleterre ?
Je pense qu’ils voulaient juste voir comment c’était de ce côté-ci. Alec est vraiment un fan des sixties. Il voulait aller à Haight Ashbury (centre géographique et spirituel du quartier de San Francisco où a bourgeonné le mouvement hippie en 66-67), mais les choses ne sont plus les mêmes qu’avant. Haight Ashbury est désormais minable. Il n’y a plus rien, il y a le panneau (rires)? Avant son arrivée chez les Sneetches, aucun de nous n’était satisfait de la manière dont on jouait sur scène. Alec nous a amené beaucoup de choses. Nous étions capables de beaucoup mieux maîtriser la scène.
Vous n’avez jamais eu de problème de différence de culture entre deux Anglais et deux Californiens ? Les Anglais sont un peu snob, ils ont parfois un certain mépris pour les Américains.
Daniel et Alec sont vraiment très conscients de la mode. Je l’ai remarqué en lisant le Melody Maker ou le NME. La presse anglaise a toujours l’air d’insister sur l’aspect mode. Comme avec les Stones Roses.
Dans la manière dont ils apparaissent, dont ils se produisent. Il semble que, dans la musique anglaise, la mode joue un rôle aussi important que la musique elle-même. Aux Etats-Unis, l’accent n’est pas autant mis sur la mode (rires)? Alec et Daniel essaient toujours de nous suggérer des vêtements à porter, de jolies choses (rires)? pour le groupe.
Alec aimerait sortir en trois pièces alors qu’il fait 40° (rires)?
La chose positive en Angleterre, c’est qu’ils n’ont pas peur de prendre des risques avec un nouveau groupe. Vous-mêmes avez été découverts d’abord en Angleterre.
L’aspect business est plus ouvert, plus souple, vous avez plus de chances d’être reconnu. Vous avez raison. Le responsable d’un label anglais, Kaleidoscope Records, m a appelé un jour à 9h du matin : Est-ce-que je peux vendre votre cassette ?? Ici, nous avions essayé, contacté énormément de gens, essayé de sortir un disque. Beaucoup l’aimaient, mais tout le monde a peur de faire le premier pas. Cet Anglais l’aimait et y croyait, il a juste dit Je veux le sortir maintenant (rires)?
Ce qu’il a fait. C’est ce qui nous a donné l’idée d’Alias, notre propre label. C’est de la presse anglaise que viennent nos meilleures critiques. L’Angleterre et l’Europe semblent apprécier la musique pour le plaisir de la musique. Comme pour le jazz. La plupart des meilleurs jazzmen sont enregistrés en Europe, en France, en Allemagne. Il n’y a pas à Paris une rue Louis Armstrong ou une rue Sydney Bechet ?
Un parc un jour de fête nationale
Chez nous, le rap est important, le hardcore ou le heavy metal aussi.
Sur la scène indépendante, le punk est important mais la pop-music est rare. La sub-pop, par contre, est omniprésente maintenant, avec des groupes comme Mudhoney ou Soundgarden. Où se classent les Sneetches ? (Rires)? Quelque part dans le fond de la cour.
J’ai lu un article où Matt était un peu fâché avec les radios des collèges, estimant qu’elles étaient assez proches du gros business (rires)? Les Sneetches ne sont donc même pas à l’aise avec la scène étudiante ?
A une époque, les radios des collèges étaient une sorte d’alternative, de réelle alternative par rapport à ce que passaient les radios commerciales. C’était le seul endroit où l’on pouvait écouter certains groupes et respirer enfin de l’air frais. On avait l’habitude d’entendre des choses nouvelles ; les radios donnaient la chance à des groupes qui, autrement, ne seraient jamais passés sur les radios commerciales. Maintenant, c’est terminé.
Maintenant et particulièrement aux Etats-Unis, de nombreux groupes pop qui émergent traînent avec eux beaucoup de clichés, de machisme.
Votre musique, par comparaison, est très fraîche, comme ce qu’aiment les enfants. Vous avez parlé du livre sur les Sneetches : c’est la raison pour laquelle je trouve que c’est très bon. Cette qualité puérile. Est-ce quelque chose de conscient ?
Ruelques chansons, sur notre second album, Sometimes that’s all we have, contiennent ce genre de rêve, cette qualité. Certaines sont intentionnées.
Vous avez dit que vous essayez de combiner la musique joyeuse, gaie et des textes qui sont plus tristes, plus profonds, comme dans votre chanson Another shitty day, un autre jour merdique . C’est typique de cet esprit.
C’est juste la manière dont ça vient… Lorsque je suis très dépressif et que j’essaie d’écrire une chanson, ça se termine toujours par une note heureuse (rires)? Je regarde la chanson que j’ai faite et je me dis’Mon Dieu ! C’est vraiment une chanson joyeuse (rires)?
La production peut y aider, comme sur Sometimes that’s all we have, où elle est très riche…
J’aime ça. J’aime ce disque mais avec le nouveau, Slow, on a essayé de faire quelque chose de plus rigide, de plus austère, de plus dépouillé.
On donne plus de tranchant au disque. Les sons qu’on obtient sont très traditionnels, les sons de la guitare, de la batterie. C’est un peu l’album traditionnel de pop-music que nous avons toujours voulu faire. Mais il y a un côté singulier, qui sera probablement exploité dans le prochain album. Nous avons commencé par un style très traditionnel dont nous allons de plus en plus nous dégager (rires)?
Dans un article, j’ai lu Dans le monde des Sneetches, ça sonne comme dans un parc un jour de fête nationale . Avez-vous peur que beaucoup d’auditeurs ne perçoivent pas votre côté acide et pensent que vous êtes un simple groupe de pop ? Les fleurs sont bleues et tout va bien… Si on fait attention à vos paroles, c’est un peu plus noir.
Je me souviens d’une critique qui disait C’est l’album idéal pour se promener avec sa petite amie dans Central Park . Et j’ai dit que je ne pouvais pas croire que ce soit comme ça, mais plutôt comme de se promener dans le parc après que votre petite amie vous a quitté (rires)? Avec un peu de pluie qui commence à tomber. Lorsqu’on fait les chansons, il y a beaucoup de choses auxquelles on ne s’attend pas.
On ne s’attendait pas à ce que les gens mentionnent des références aux sixties et on ne s’attendait pas à ce que les gens nous trouvent joyeux, nous considèrent comme un groupe heureux. Parce qu’on ne l’est pas vraiment. Connaissez-vous les Db s ? On les qualifiait de groupe de pop vraiment joyeux. Mais si vous écoutez leurs chansons, ils parlent de rupture entre personnes, de solitude. L’un de mes amis connaît quelqu’un à Los Angeles qui est un très grand fan des Sneetches.
Il a dit Oh, j’aime vraiment cette chanson’ et a commencé à chanter : If you’ re happy … Je lui ai dit Non, if you’re unhappy (rires)?
Le type a fait Oh ! non’ (rires)? Les gens entendent ce qu’ils veulent bien entendre.
Symphonies miniatures
Nous sommes entrés dans ce groupe en tant qu’amoureux de la musique, nous avons tous une collection de disques, nous avons toujours joué d’un instrument, nous sommes toujours amoureux de la musique, nous prenons la musique très au sérieux… Non, pas tant que ça, mais c’est important (rires)…
C’est vrai que beaucoup de gens prennent la musique comme une commodité, comme une planche de surf ou comme une voiture.
Madonna est tellement populaire parce qu’elle est une commodité (rires)? C’est pourquoi le jazz n’a pas marché aux Etats-Unis, parce que le jazz n’est pas une commodité, c’est une véritable forme d’art. Il est difficile de vendre du jazz parce qu’il requiert des qualités pour être écouté, il requiert beaucoup de choses de la part de l’auditeur. Les Beatles nous ont montré dans un sens que la pop pouvait être beaucoup plus qu’une musique jetable après le premier usage. C’est ce qu’on essaie de faire. Prendre la pop-music et y ajouter plus de substance. La pop-music n’a pas besoin d’être jetable, elle n’a pas besoin d’être stupide.
J’imagine que vous êtes un admirateur de Brian Wilson…
Oui, absolument.
Beaucoup de gens pensent aux Beach Boys en tant que groupe pour la plage, le soleil et le surf. Mais il y avait une grande douleur au c’ur des chansons de Wilson. Dans Sometimes that’s all we have, la production est parfois similaire à celle de Pet sounds. Des choses étranges, très riches.
Pet Sounds est en fait l’un de mes vieux disques préférés.
Votre première chanson, sur Sometimes that’s all we have est Unusual sound. C’est peut-être juste une coïncidence, mais ça m a fait bien sûr penser à Pet sounds.
C’était complètement inconscient. Vous pouvez y trouver plus de choses que moi (rires)? Brian Wilson a pris de la pop-music et l’a taillée pour nous. Pet sounds est un disque beaucoup plus important, bien meilleur et plus agréable que Sgt Pepper, qui est juste constitué d’une bonne flopée de chansons, mais sans flot… Les chansons de Sgt Pepper vous paraissent vraiment démodées alors qu’au contraire, et le temps le prouve, Pet sounds ne sonne pas dépassé, il est sans âge. Il se passe énormément de choses dans la musique d’un disque comme
Stack-o-racks. Il y a utilisé énormément d’éléments qui étaient inconnus jusqu’alors, il a joué avec tout ça. C’est une combinaison de tout ce qui grouillait dans ses autres disques. C’est une réussite impressionnante… Et la musique est tout simplement tellement belle… Ce qui, à mes yeux, fait que Brian Wilson est bien plus important qu’un disque de rap, c’est que sa musique rappelle plutôt des choses comme Gershwin ou Cole Porter, qui ne sont que de la musique. C’est mis dans le format pop, mais le style est plus proche des showtunes’ (mélodies populaires des spectacles de Broadway). Don’t talk (put your head on my shoulder) est comme sorti d’un vieux showtune , c’est comme de la musique classique américaine. Il y utilise les mêmes instruments qu’on trouve dans Rhapsody in blue. Une symphonie de trois minutes. Il les appelait mes petites symphonies de poche , des symphonies miniatures.
J’aime aussi beaucoup Nick Drake. J’entends les mêmes choses dans sa musique. Particulièrement dans Brayter layter. Son style est très fluide il rappelle la musique classique. Ce ne sont pas des chansons pop typiques avec couplet et refrain. C’est plus pastoral… C’est simplement son style, je ne sais pas comment le décrire. J’ai lu de Nick Drake qu’il avait l’habitude d’écouter de la symphonie ; par bonheur, il a pu l’insuffler à ses chansons… J’aimerais bien réussir à faire un disque qui ne soit que d’un bloc, en un morceau. L’un de mes préférés, comme tout le monde, est What’s going on de Marvin Gaye. C’est presque la même chose à mes yeux : comme de la musique classique américaine, sous la forme soul ou rhythm’n’blues. Tous ces gens-là ont approché la pop-music en se disant qu’elle ne devait pas absolument être
comme ceci .
Qu’elle pouvait être plus sauvage, plus grande.
J’aime quand c’est un bloc cohésif, on l’écoute dans son entier, comme un tout, qui s’écoule. L’inspiration de Brian Wilson pour Pet sounds est venue après qu’il a écouté Rubber soul. Dans un sursaut, il se serait écrié Je vais faire le prochain meilleur disque (rires)… Tellement il était époustouflé. Il s’est précipité sur son piano et a commencé à écrire Pet sounds. Je crois qu’il a écrit toutes les chansons dans un temps très court, d’un trait. Il reflétait ses sentiments du moment. Je crois qu’une de ses plus grandes tragédies est que Smile ne soit jamais sorti, il paraît que Pet sounds n’en était qu’un avant-goût. Smile aurait fait un album stupéfiant… Qui sait ? Peut-être que Brian Wilson le sortira un jour.
Une maison avec deux garages
Nous jouons de la musique pour le plaisir. C’est probablement la seule chose qui fait que nous restons ensemble. Si vous ne jouez que pour obtenir un contrat mirifique d’une major, vous courez à la désillusion, vous construisez ce monde comme un fantasme (rires)?
Ce sont des choses qui ne marchent jamais. Nous aimerions réussir suffisamment pour avoir plus le temps de jouer tous les jours.
Mais nous allons faire les choses à notre rythme. Nous aimerions profiter de la vie et non pas chercher un job, mais nous n’allons pas mettre des choses imbéciles dans nos albums pour ça. C’est comme le rêve américain d’avoir une maison avec deux garages. Les temps changent, la majeure partie de ma génération n’a pas les moyens d’avoir une maison. Il faut être réaliste, savoir ce qu’on veut. Si une major nous offre un contrat, il faut que ce soit à nos conditions. Si nous avons une totale liberté artistique, un contrôle total de ce qu’on fait, d’accord. Sinon, c’est comme un pacte avec le diable, c’est comme vendre ses bras pour sauver ses jambes.
Archives du numéro 25 (septembre 1990)
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